Si les exportations de boissons alcoolisées françaises se sont envolées en valeur l’an dernier, elles ont reculé en volume. L’inflation mais aussi le succès des vins et spiritueux haut de gamme expliquent ce différentiel. La filière génère ainsi le second excédent commercial français après l’aéronautique.
Des volumes en baisse mais un chiffre d’affaires qui s’envole. L’année 2022 a été porteuse pour les vins et spiritueux français à l’export. Les ventes à l’étranger de ces derniers ont ainsi cru de 10% à 17,2 milliards d’euros soit un chiffre d’affaires record. Et pourtant, les volumes de ventes ont régressé de 3,8% selon la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), qui a dévoilé ces chiffres compilés des douanes le 14 février dernier à l’occasion du dernier Salon Wine Paris & Vinexpo. Les exportations de vins français ont même décru de 6,6%, en raison d’une vendange 2021 fortement plombée par la météo (gel, grêle) et des perturbations géopolitiques et logistiques mondiales.
De façon générale, l’inflation mais aussi une désirabilité toujours manifeste des vins et spiritueux français expliquent ce différentiel entre les exportations en valeur, qui progressent à deux chiffres, et celles en volume, qui déclinent.
Haut de gamme moteur
Le haut de gamme a été moteur de cette croissance. Quasiment toutes les catégories de champagnes, vins AOC, cognacs et autres spiritueux ont vu leurs ventes progresser (+10,8% au total en valeur).
Les boissons alcoolisées françaises ont ainsi généré un excédent commercial en hausse de 10,3% à 15,7 milliards d’euros. Il s’agit du «deuxième excédent commercial après l’aéronautique » en France, a souligné César Giron, le Président de la FEVS, qui a salué cette performance remarquable.
Vents contraires
Mais tout n’est pas rose pour autant dans le paysage des rouges, blancs et autres rosés…
Après avoir essuyé une série de vents contraires depuis 2019 (taxes Trump, pandémie de Covid-19, millésime catastrophique en 2021), la filière est impactée depuis l’an dernier par l‘inflation et la flambée des coûts de production, de l’énergie aux emballages. Elle a été cependant capable « d’absorber et de retransmettre » la hausse de ces derniers en 2022, s’est réjoui le Président de la FEVS.
Reste une autre difficulté à laquelle est confrontée la France, pourtant deuxième producteur mondial de ces boissons après l’Italie : ses habitants les boudent de plus en plus. La consommation de vin dans l’Hexagone est ainsi passée de “130 litres par an par habitant, il y a 70 ans » à seulement 40 litres aujourd’hui, selon la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Les ventes de rouges ont même encore dégringolé en France de 15% l’an dernier et les blancs et rosés de -3 ou -4%.
S’adapter au marché français
Pour stopper cette hémorragie, les acteurs de la filière se remettent en cause pour mieux s’adapter aux attentes des consommateurs Français, notamment les plus jeunes.
Pour compenser la désaffection de ses concitoyens, la filière cherche à rayonner toujours plus à l’international. « 75% de nos exportations se font en dehors de l’Union européenne, ce qui doit nous inciter à promouvoir l’ouverture des marchés et la signature d’accords bilatéraux », a observé le président de la FEVS. Et cela tombe bien, plusieurs destinations « sont en train de s’ouvrir grâce à de nouveaux accords”, “comme avec la Nouvelle-Zélande alors que des négociations sont aussi en cours avec l’Australie, peut-être avec l’Inde », a indiqué le ministre du Commerce extérieur Olivier Becht lors de l’inauguration du Salon Wine Paris & Vinexpo.
Lire aussi > Hennessy propose du sur mesure à la Samaritaine
Photo à la Une : © Remy Cointreau