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La nomination de Noémie Dumesnil au poste de directrice des opérations d’Authentic Material fait suite à un apport de 1,5 million d’euros en décembre 2019 au capital de l’entreprise basée à Toulouse. Spécialisée dans l’exploitation de matières naturelles vouées à la destruction, qu’il s’agisse de chutes ou d’invendus, la start-up fondée en 2016 par Vincent Menny, ingénieur de formation et président de la structure, a développé un procédé de traitement naturel qui permet aux matières premières organiques d’être remaniées afin d’être ensuite réutilisées.
Entretien avec la co-dirigeante chargée du business développement chez Authentic Material, la start-up qui recycle les matières nobles de l’industrie de luxe pour concevoir des matériaux précieux et innovants.
Pouvez-vous nous rappeler la genèse d’Authentic Material?
L’histoire de Authentic Material a commencé en 2016 lorsque Vincent Menny, qui était alors mon binôme technique depuis cinq ans dans notre précédente société, a constaté lors d’un projet en lien avec la coutellerie d’art, que les cornes de vaches posaient des problèmes écologiques liés à leur approvisionnement. En effet, ces matières naturelles vivantes qui ne sont pas “Made in France”, et provenant généralement de l’autre bout du monde, manquent souvent de qualité et d’homogénéité. Ce qui cause donc des pertes au moment de l’usinage de la matière.
À l’époque, nous travaillions aussi ensemble sur un tout autre projet dans le domaine de l’aéronautique qui consistait à développer une technologie pour la fabrication de poudres de métaux.
Vincent a alors eu l’idée d’appliquer cette technologie aux matériaux naturels, et donc de travailler sur des poudres de cornes de vaches françaises pour en faire des blocs de matières usinables, performants et de haute qualité, et de les destiner à l’industrie du luxe
Au-delà des fonds d’investissements et des business angels, nous sommes aujourd’hui les deux associés opérationnels : Vincent est président-fondateur, en charge de tout ce qui concerne le développement technique et industriel et je suis moi-même en charge de la partie du déploiement commercial et marketing.
Vous avez récemment sollicité des investisseurs. Quel était votre objectif?
Effectivement, en fin d’année 2019, nous avons fait une levée de fonds auprès de Cuir Invest ainsi qu’auprès du fonds d’investissement de la BPI dédié aux industries créatives et savoir-faire rares. Deux investisseurs importants pour nous car ils sont spécialistes de tous nos sujets clés, à savoir le cuir, les savoir-faire rares et le luxe.
L’enjeu de cette levée de fonds, qui s’est élevée à 1,5 millions d’euros, était de passer le cap de l’industrialisation de nos procédés, c’est-à-dire monter en échelle sur nos capacités de production, équipements et ressources humaines. Cet investissement s’avère finalement très opportun au vu du contexte actuel.
De quelle manière subissez-vous aujourd’hui l’impact de la pandémie du Covid-19 ?
Il est évident que la crise sanitaire nous a coupé dans notre élan, après un démarrage accéléré de l’activité en janvier. Mais ce qui est palpable, c’est que la crise a aussi fait réfléchir nos clients sur leurs moyens d’approvisionnement et leurs démarches RSE. Ce qui est bien entendu quelque chose de très positif pour notre développement.
De fait, des marques avec lesquelles nous travaillions déjà nous ont réaffirmé leur fidélité, d’autres avec qui nous étions en contact ont accéléré leurs démarches vis à vis de nous, d’autres encore ont réitéré leur engagement éco-responsable mais ont simplement décidé de reporter leurs commandes à une date ultérieure dans l’attente d’un retour à la stabilité.
Peut-on considérer qu’il y a des demandes ou des attentes différentes selon les filières du luxe ?
Tout à fait, c’est la raison pour laquelle, au sein de notre équipe commerciale, on essaie d’affecter une même personne à un ou plusieurs domaines, par exemple l’horlogerie ou l’automobile.
En maroquinerie par exemple, il y a aujourd’hui un fort intérêt pour le recyclage du cuir avec la volonté de créer de la valeur sur des rebuts, de diminuer les coûts de stockage et de destruction, de faire avancer l’économie circulaire.
Dans cette mouvance, nous voulons déconstruire les croyances des consommateurs sur ce qu’est un matériau bio, et sur ce qui est scientifiquement possible aujourd’hui ou non, de façon à les « éduquer » pour qu’ils puissent transmettre à leur tour ce message. Nous sommes aussi là pour répondre à leurs interrogations, en particulier celles qui sont relatives à notre gamme composite naturelle; à laquelle nous intégrons des polymères biosourcés, dans l’intérêt de limiter les faiblesses de la matière vis-à-vis des chocs, de l’eau, etc.
Globalement notre démarche repose sur une quête de naturalité : nous chargeons le matériau au maximum en matières naturelles et au minimum en constituants. L’objectif est de permettre de recycler en quantité le déchet, et assurer le plus haut niveau de naturalité possible.
Notre objectif est donc toujours de maximiser la naturalité mais aussi l’information vis-à-vis de notre client.
Vous prenez également position sur les invendus ?
Effectivement, et cela soulève la question du désassemblage du produit en tant que tel, qui n’est pas du tout trivial parce qu’un produit sous-entend de nombreux tissages, des pièces métalliques à séparer, des matériaux comme de la colle à retirer avec pour enjeu de désintégrer mécaniquement ou chimiquement ces liants.
Nous avons un partenaire, ReValorem, qui peut faire du désassemblage manuel mais nous investiguons aussi du côté de la conception de machines spéciales automatisées.
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[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]Photo à la une : Noémie Dumesnil[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]