Les groupes miniers qui exploitent les diamants sont sans doute restés trop longtemps discrets dans leur communication. L’arrivée sur le marché de la joaillerie du diamant de synthèse les a bousculés avec un discours vif, parfois erroné, qui les a amenés à sortir de leur réserve. Le Natural Diamond Council (NDC), qui représente une grande partie d’entre eux, a décidé d’apporter des réponses à travers un rapport très étayé. Basé sur de nombreuses sources – enquêtes d’experts indépendants et d’organismes qui font autorité (NASA, Bain & Company, GIA) – ce dernier apporte des éléments précis et chiffrés, battant en brèche les principales idées reçues.
Les groupes miniers qui exploitent les diamants sont sans doute restés trop longtemps discrets dans leur communication. L’arrivée sur le marché de la joaillerie du diamant de synthèse les a bousculés avec un discours vif, parfois erroné, qui les a amenés à sortir de leur réserve. Le Natural Diamond Council (NDC), qui représente une grande partie d’entre eux, a décidé d’apporter des réponses à travers un rapport très étayé. Basé sur de nombreuses sources – enquêtes d’experts indépendants et d’organismes qui font autorité (NASA, Bain & Company, GIA) – ce dernier apporte des éléments précis et chiffrés, battant en brèche les principales idées reçues.
Oui, on peut distinguer un diamant naturel d’un diamant synthétique
« Entre un diamant naturel et un diamant de synthèse, personne ne voit la différence ». Voilà sans doute l’idée reçue la plus répandue. Il est vrai qu’à l’œil nu, les deux pierres sont similaires puisqu’elles ont les mêmes propriétés chimiques, physiques et optiques. Toutes deux sont issues d’atomes de carbone qui se sont transformés en diamants grâce à un phénomène de haute pression conjugué à une très haute température.
Mais la comparaison s’arrête là. Pourquoi ? La première raison est que tous les diamants synthétiques peuvent être détectés à l’aide d’instruments de vérification professionnels. Produits en laboratoire en quelques semaines seulement, contrairement aux milliards d’années nécessaires à la formation d’un diamant naturel sous la surface de la terre, ils présentent des caractéristiques spécifiques liées à une croissance rapide dans un environnement artificiel. Même si les fabricants de synthétiques réalisent des progrès permanents pour se rapprocher au plus près de la structure du diamant naturel, la différence est toujours détectable. Pour garantir cette transparence sur l’origine, le Natural Diamond Council a créé en 2019 le programme ASSURE, qui teste en permanence les performances des appareils de détection des pierres non naturelles.
Ce que la terre nous donne
Une autre raison rend incomparables les deux types de pierres. D’un côté, le diamant de synthèse est produit en masse et rapidement. De l’autre, le diamant naturel dépend de ce que la terre donne à l’homme. Or le principe d’un produit de luxe, et la joaillerie en fait singulièrement partie, est d’offrir une valeur liée à la noblesse, à la rareté des matières premières utilisées. La production croissante des diamants synthétiques (7 à 9 millions de carats à fin 2022 contre moins de 7 millions en 2020) essentiellement dans des pays à bas coûts de main-d’œuvre, s’oppose à l’extraction de plus en plus complexe du diamant naturel dont les ressources ne sont pas inépuisables. Le diamant est expulsé du centre de la terre, où il se forme, à la surface grâce à l’activité volcanique. Celle-ci étant de plus en plus rare, la quantité de diamants bruts se réduit inexorablement. Les chiffres rapportés par le NDC sont sans appel. L’extraction mondiale de diamants naturels a atteint son apogée en 2005 et a diminué de plus de 30 % au cours des 16 dernières années.
Chaque année, l’extraction totale de diamants de 1 carat ne dépasse pas, en volume, l’équivalent d’un ballon de Pilates.
La rareté de la source fait partie intégrante de la valeur intrinsèque de la pierre et cette évidence se retrouve dans les prix. Alors que le prix du diamant naturel a augmenté en moyenne de 3% par an depuis 35 ans, avec des variations conjoncturelles bien entendu, le prix de la pierre synthétique ne cesse de baisser. L’expert Paul Zimnisky observait que de 2016 à 2023, le prix moyen d’un diamant de synthèse de 1,5 carat avait diminué de plus de 74 %, une baisse que les prix en boutique sont d’ailleurs loin de refléter.
Vous avez dit durable ?
De nombreux articles de presse avancent que les méthodes de fabrication du diamant de synthèse seraient plus « durables » en se basant sur des laboratoires utilisant une énergie renouvelable. C’est le cas de certains d’entre eux, mais c’est loin d’être la majorité. Le processus de fabrication, étalé sur plusieurs semaines à très haute température (proche de 1 500 ° pour certains fours), est particulièrement énergivore. Il peut atteindre des chaleurs proches de 20 % de la température à la surface du soleil ! Plus important encore, plus de 60 % des diamants synthétiques sont issus d’une production de masse en Chine et en Inde, où le réseau électrique est respectivement alimenté à 63 % et 74 % en charbon et le contrôle de la pollution de l’air assez opaque.
Il ressort de l’analyse des recherches publiquement accessibles que l’allégation selon laquelle les diamants synthétiques présenteraient systématiquement une empreinte carbone faible, neutre ou négative est donc fausse. Tout dépend de l’énergie, des produits chimiques, des matériaux utilisés ainsi que des modalités de gestion de l’eau et des déchets sur le site de production. Or, les données sont peu disponibles sur ces sujets, ce que souligne l’étude, soucieuse de transparence.
Un bilan carbone pas si transparent pour le diamant synthétique
L’empreinte carbone du processus de fabrication et de transformation du diamant de synthèse reste donc peu documentée et les experts se sont penchés sur la question. La société Sphera (spécialisée en logiciels de gestion des performances et des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance) juge que les émissions moyennes émises par carat poli produit à l’aide de la méthode CVD varient en Inde, par exemple, de 260 kg à 612 kg d’équivalent CO2. Pour un diamant naturel, le chiffre serait d’environ 106,7 kg.
L’industrie du diamant naturel s’est engagée sur la voie de la décarbonation depuis plusieurs années. Liés par des objectifs de réduction des émissions de carbone, les membres du Natural Diamond Council développent des projets d’énergie renouvelable, souvent dans les pays en développement où il est plus difficile de trouver ce type d’énergie, des projets de compensation des émissions de carbone et des investissements dans des programmes de séquestration du carbone. Une initiative originale, le projet Carbon Vault (Vault signifie coffre), utilise la kimberlite, cette roche qui contient des diamants, pour emprisonner les émissions de carbone. Par ailleurs, des entreprises du groupe De Beers se sont engagées à devenir neutres en carbone d’ici 2030 et Rio Tinto, autre grand groupe minier, à atteindre des émissions nettes nulles d’ici 2050.
Mesurer l’impact social et économique
Au-delà de ces initiatives, encore trop peu médiatisées, qui visent à protéger l’environnement des émissions carbone, d’autres actions sont menées au profit des communautés minières afin qu’elles profitent des retombées de l’activité minière à travers tout un écosystème économique, social et d’infrastructures (routes, cliniques dont certaines mobiles, dans les régions isolées, écoles, formation professionnelle au-delà de la seule activité minière, …). Voici encore battue en brèche une autre idée reçue, qui voudrait que les populations locales ne profitent pas de l’activité du diamant.
Une fois encore, les chiffres sont là : l‘industrie du diamant naturel fait vivre 10 millions de personnes dans le monde. Jusqu’à 80 % de la valeur des bruts peuvent rester dans les communautés locales sous la forme d’achats locaux, d’emplois, de programmes sociaux, d’investissements dans les infrastructures ainsi que d’impôts, de redevances et de dividendes versés par l’industrie aux gouvernements respectifs. Les membres du NDC réalisent 85 % de leurs achats localement et ont versé en moyenne en 2019 jusqu’à 64 % de plus que le salaire national moyen.
Au Canada, l’industrie du diamant naturel contribue à 24 % du PIB total dans les Territoires du Nord-Ouest (TNO), 17 milliards de dollars sont allés aux entreprises des TNO et 7,5 milliards de dollars aux entreprises autochtones des TNO. Au Botswana, où les diamants représentaient 33 % du PIB en 2021, les revenus tirés des diamants naturels contribuent au financement d’un système scolaire offrant une éducation gratuite à tous les enfants.
Quant aux normes de sécurité, elles sont régulièrement auditées. Les conditions de travail ne sont jamais faciles dans une mine, quel que soit le secteur d’activité. Mais l’extraction des diamants est principalement effectuée par des entreprises utilisant des équipements et des pratiques minières modernes. Elles garantissent les dernières normes de sécurité en vigueur. Par ailleurs, tous les membres du NDC ont adopté l’objectif “zéro blessure” sur le lieu de travail.
La biodiversité en question
Le monde du diamant naturel protège la biodiversité d’une zone presque quatre fois plus étendue que celle qu’il utilise, soit l’équivalent de la taille des villes de New York, Chicago, Washington et Las Vegas réunies. Avec son vaste projet de « Route du diamant », le groupe De Beers protège les habitats essentiels de la faune et de la flore en Afrique du Sud et au Botswana.
Concernant les rejets dans la nature, 99 % des déchets issus de l’extraction des diamants sont des roches et 84 % de l’eau utilisée pour la récupération des diamants est recyclée. Avant qu’un seul diamant ne soit extrait, les gouvernements doivent accorder des autorisations environnementales, avec une obligation légale d’assurer une surveillance continue, de produire des rapports et de mettre en place des plans de fermeture.
Récemment, la Federal Trade Commission américaine et l’Union européenne ont décidé de lutter plus fermement contre la désinformation en matière de développement durable. Demander aux entreprises mettant en avant la durabilité ou l’éco-responsabilité de leurs produits de fournir des preuves et des données pour étayer ces affirmations est la moindre des choses.
Au Royaume-Uni, la Competition and Markets Authority (CMA) a publié son Green Claims Code contre le greenwashing. En France, les sociétés s’adonnant au greenwashing s’exposent à des amendes. Ainsi, certains producteurs de diamants synthétiques ont été amenés à reformuler leurs messages de durabilité.
Le greenwashing, les fausses allégations et les idées reçues qui circulent avec une certaine complaisance sont une menace réelle et déloyale pour le diamant naturel. Ils discréditent ses acteurs mais surtout, ils peuvent tromper les clients et entamer leur confiance. Il est donc temps de rétablir une certaine transparence dans les débats, auxquels le rapport du NDC apporte de précieux éléments.
Le débat a lieu en public aussi. Le 3 juillet dernier, le NDC et son CEO David Kellie réunissaient à Paris principalement des journalistes, parlementaires, fédérations, joailliers et diamantaires pour échanger avec les personnalités qui s’illustrent dans le domaine du diamant responsable. Livia Firth, Fondatrice et Directrice d’Eco-Age, animait ainsi les débats auxquels participaient Marie-Claire Daveu (Chief Sustainability de Kering), Iris van der Veken (Executive Director at Watch & Jewellery Initiative 2030)), André Messika ( Fondateur d’André Messika Diamonds LTD) et Kesego Kereemang ( Safety, Health & Corporate Responsability Manager, Lucara, Bostwana). L’actrice Lily James, ambassadrice mondiale du NDC, était aussi présente pour témoigner de son expérience dans les mines de diamant au Bostwana, où elle a échangé avec la population locale et a pu constater les retombées positives sur le pays.
Cliquer ici pour consulter le rapport complet.
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