Le groupe de luxe a lancé une émission obligataire d’un total de 3,8 milliards d’euros pour financer notamment le rachat de la vénérable maison de Haute Parfumerie Creed, annoncé en juin dernier.
Après avoir acheté, il faut toujours passer à la caisse.
La règle vaut aussi pour Kering, même si l’adage dit qu’”on ne prête qu’aux riches”.
En juin dernier, Kering avait annoncé le rachat de la vénérable Maison Creed. Un accord avait alors été signé en ce sens avec Javier Ferrán, le président de l’entreprise et les fonds contrôlés par le gestionnaire d’actifs BlackRock. Fondée à Londres en 1760 par James Henry Creed et installée dès 1854 à Paris, Creed exporte aujourd’hui dans le monde entier ses parfums très prestigieux.
Flexibilité financière
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Or, dans un communiqué publié mardi soir, Kering a annoncé qu’il avait réalisé une émission obligataire pour un montant total de 3,8 milliards d’euros, afin de “permettre, notamment, le financement de l’acquisition de Creed”. De façon plus générale, cette émission qui s’inscrit “dans le cadre de la gestion active de la liquidité du groupe”, “concourt à l’accroissement” de sa “flexibilité financière”.
Le montant de l’acquisition de Creed n’avait pas été divulgué par les parties intéressées. Mais les fins limiers du Financial Times l’ont évalué à la coquette somme de 3,5 milliards d’euros. Selon des confidences faites au quotidien économique britannique, elle n’aurait pas été dévoilée afin “de ne pas révéler la forte marge bénéficiaire du parfumeur”.
Kering avait seulement annoncé que le chiffre d’affaires de Creed était supérieur à 250 millions d’euros lors du dernier exercice clos fin mars.
Une marge d’environ 60%
Mais toujours selon les informateurs du Financial Times, son excédent brut d’exploitation aurait atteint environ 150 millions d’euros, soit une marge d’environ 60% !
Pour s’offrir Creed, Kering a donc été prêt à dégainer 23 fois le multiple d’Ebitda…Ce qui s’expliquerait à la fois par la désirabilité de la marque, et par le nombre réduit de cibles dans le secteur de la Haute Parfumerie. Car si cette dernière suscite ces derniers temps des vocations et une mise en valeur (comme le montre par exemple le récent espace dédié de la Samaritaine) croissantes, la Haute Parfumerie compte peu, parmi ses rangs, de marques plus de deux fois centenaires comme Creed !
Enjeu stratégique
Et pour Kering, l’enjeu est stratégique. En quête de nouveaux revenus alors que sa marque phare Gucci patine, le groupe dirigé par François-Henri Pinault avait annoncé en février dernier la création d’une division Beauté. Il s’agit ainsi de se développer dans les parfums et la cosmétique, notamment par croissance interne, via les marques Botega Veneta et Alexander McQueen. Mais via aussi, désormais, avec Creed.
Alors que le luxe accessible, plombé par les problèmes de pouvoir d’achat de sa clientèle, patine, les acteurs du secteur se repositionnent sur des produits plus exclusifs, achetés par une clientèle fortunée à l’abri des aléas macro-économiques.
Pour renforcer sa division luxe, en plein essor, L’Oréal a, pour sa part, acquis ce printemps la marque australienne de cosmétiques de luxe Aesop pour 2,5 milliards de dollars.
Un accueil très favorable
L’émission obligataire de Kering comprend quatre tranches, une de 750 millions d’euros à 2 ans assortie d’un coupon de 3,75 %, une autre tranche de 1,3 milliard d’euros à 12 ans assortie d’un coupon de 3,875 %, une de 1 milliard d’euros à 8 ans et enfin de 1,3 milliard à 12 ans.
Alors que sa dette long terme est notée « A » par Standard & Poor’s “avec perspective stable”, le groupe Kering fait état d’un “accueil très favorable” de son offre “par les investisseurs obligataires”. Et qui, à ses yeux, “confirme la confiance du marché dans la qualité” de son crédit.
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Photo à la Une : © Creed
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