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PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE DOMERGUE ET GUILLAUME ROIGNOT
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Pascal Morand, président exécutif depuis janvier 2016 de la Fédération Française de la Couture, devenue Fédération de la Haute Couture et de la Mode en juin 2017, revient sur le contexte économique favorable à la filière impactée par un ralentissement en 2016 lié aux attentats. Si certaines politiques sont à conduire sans relâche en termes de compétitivité, d’attractivité, d’expression de la création, et d’accompagnement des jeunes marques par la fédération, l’ancien directeur général de l’Institut Français de la Mode (IFM) reste confiant quant à la position de leader de Paris sur la scène internationale de la mode.
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Quelles sont les missions et objectifs de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode que vous présidez ?
D’abord, nous venons en effet de changer de nom. Nous sommes devenus la Fédération de la Haute Couture et de la Mode pour adopter un nom clair et contemporain qui reflète notre rayonnement international. Notre objectif est de conforter la place de Paris sur la scène internationale de la mode en menant à la fois des politiques de compétitivité, d’attractivité, d’expression de la création, et d’accompagnement des jeunes marques. Mais nous veillons aussi à ce que l’écosystème de l’information ouvre la voie à la mode de demain. Et pour cela, nous communiquons sur la créativité, la tradition et le savoir-faire français. Il faut dire que l’identité parisienne et ses ateliers uniques au monde contribuent à apporter une formidable visibilité aux créateurs.
Quelles seraient les solutions pour que Paris maintienne sa position de leader sur la scène internationale de la mode ?
Tout d’abord, il faut préciser que Paris est de très loin la capitale mondiale de la mode. Son calendrier comprenant 6 fashion week par an, ses ateliers uniques au monde, et la puissance de ses grands groupes de luxe sont des atouts formidables.
Paris attire! Par exemple, la part des marques étrangères lors de la Fashion Week parisienne est de 50%, alors que dans les autres villes, elles sont nettement moins représentées (13% pour Milan, 9% pour New York, 5% pour Londres).
« NOUS DEVONS DONC METTRE L’ACCENT SUR LA FORMATION DES JEUNES DESIGNER »
Pour que Paris continue d’attirer les marques et maintienne sa position de leader, il y a des politiques à conduire sans relâche.
L’un des enjeux clé est l’intégration par les maisons des nouvelles technologies et du digital. Il faut savoir que grâce à ces nouveaux outils, les fashion week prennent une l’ampleur médiatique considérable, notamment grâce à Internet et aux réseaux sociaux. L’enjeu consiste maintenant à utiliser le numérique de la meilleure manière qui soit pour pouvoir en bénéficier durablement, c’est-à-dire sans altérer l’image des marques. Nous devons donc mettre l’accent sur la formation des jeunes designer. New York et Londres possèdent déjà d’excellentes écoles. Il faut être en mesure de les concurrencer aussi bien dans les domaines de la création que des nouvelles technologies.
En parallèle, pour conserver le leadership français, il y a toute une politique d’accompagnement des marques émergeantes à développer. De nombreuses actions sont ainsi menées par la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, mais aussi par d’autres. Je pense notamment aux concours organisés par LVMH ou encore au festival d’Hyères. Ce sont de formidables tremplins pour les jeunes marques. Par ailleurs, il faut s’assurer que les marques émergeantes puissent avoir accès à des fonds prêts à investir dans leurs projets.
« LES MAISONS DE HAUTE COUTURE PARISIENNES BÉNÉFICIENT D’UN PRESTIGE SANS ÉGAL À L’INTERNATIONAL »
De quelle manière êtes-vous soutenu par l’Etat ?
Outre son discours qui promeut l’industrie, notamment par l’organisation de manifestions telles que le Forum de la Mode organisé par les ministères de l’industrie et de la culture, qui a d’ailleurs montré la mobilisation des acteurs du secteur, l’état intervient principalement par l’intermédiaire du DEFI. Depuis sa création en 2000, le DEFI a pour mission, en tant qu’établissement d’intérêt public, de favoriser toute initiative à caractère collectif dans le secteur de l’habillement. L’organisation nous apporte des financements, mais aussi une cohésion avec les autres organismes pour valoriser l’ensemble de la filière. Dans notre cas, ce soutien se fait via notre comité de promotion et de développement.
Comment définiriez-vous la santé économique actuelle de la filière mode ?
D’abord, il faut distinguer la haute couture de la filière du prêt-à-porter. Chacune de ces filières obéit à un système de vente qui lui est propre. Quand on parle de haute couture, on parle de commande particulière. Celle d’une princesse venue spécialement à Paris, par exemple.
De ce point de vue-là, la filière se porte très bien. Les maisons de haute couture parisiennes bénéficient d’un prestige sans égal à l’international. On est dans une tradition, un savoir-faire historique, qui se détache en quelque sorte des problématiques liées aux conjonctures économiques et des circuits à grande échelle.
En ce qui concerne le prêt-à-porter, c’est différent. On ne va plus parler en termes de facturations individuelles, mais en termes d’exportations impliquant des volumes conséquents sur le marché mondial. Nos membres sont à 90% tournés vers l’international. Et là, la conjoncture économique peut avoir un réel impact.
Aujourd’hui, la croissance au niveau mondial progresse à toute vitesse. Evidemment, il y a des hauts et des bas, comme ce fut le cas en Chine, mais globalement la filière se porte bien. En ce qui concerne le marché français, il y a tout de même quelques freins en ce moment. La situation est structurellement plus compliquée sur tous les niveaux de gamme, la croissance du secteur étant étroitement liée à l’évolution du PIB. En parallèle, les attentats ont également eu des répercussions sur les achats des touristes en 2016. Mais au-delà de ces facteurs perturbants, quand on constate les chiffres, on s’aperçoit néanmoins que les groupes se portent très bien, notamment ceux qui ont su se différencier en misant sur la création et une identité forte.
La Fédération de la Haute Couture et de la Mode en cinq dates :
1868 : création de la Chambre syndicale de la haute couture, dirigée par Ralph Toledano.
1973 : création de la Chambre syndicale de la mode masculine, dirigée par Sydney Toledano.
1973 : création de la Chambre syndicale du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode, dirigée par Bruno Pavlovsky.
Juin 2016 : prise de fonction de Pascal Morand, président exécutif de Fédération de la couture, du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode.
Juin 2017 : La Fédération de la couture, du prêt-à-porter des couturiers et des créateurs de mode qui regroupe les 3 associations, devient Fédération de la Haute Couture et de la Mode.
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