Le juge fédéral de Manhattan a condamné Mason Rotchschild à ne plus promouvoir et vendre ses NFT Metabirkins, des jetons fongibles inspirés du fameux sac Birkin d’Hermès. En confirmant une première jurisprudence, la justice new-yorkaise rassure les Maisons de luxe.
Une question de gros sous et pas d’art…
Ainsi pourrait-on résumer la dernière décision du juge Jed Rakoff dans le procès qui opposait Hermès au crypto-artiste Mason Rotchschild.
Le juge fédéral de Manhattan vient à nouveau de donner raison à la Maison de luxe française, qui s’opposait depuis l’an dernier à la vente par Mason Rotchschild de 100 jetons non fongibles (NFT) baptisés “MetaBirkin”. Ces derniers étaient associés à des images du célèbre sac Birkin du sellier, recouvert par l’artiste de fourrure colorée.
Les NFT, rappelons-le, sont des jetons uniques utilisés sur les réseaux blockchain pour, dans le cas d’espèce, authentifier des œuvres d’art digitales.
Mais la Maison de luxe avait peu goûté le talent de Mason Rotchschild et lui avait intenté un procès à New York.
Liberté d’expression
L’artiste plaidait de son côté pour le droit à la liberté d’expression et son droit en tant qu’artiste. Il critiquait amèrement l’attitude d’Hermès, “qui pèse des milliards de dollars”, qui dit “qu’elle se soucie de l’art et des artistes,” mais qui “pense avoir le droit de choisir ce qu’est l’art et ce qu’est un artiste. »
Il avait aussi présenté son œuvre comme une illustration de l’absurdité du monde du luxe, et comparé sa démarche à celle d’un Andy Wharol, qui avait livré le portrait “pop” des soupes à la marque Campbell avec le succès qu’on sait. Et ce, sans que la marque s’en plaigne. La valeur d’une boîte de soupe n’est toutefois pas du même ordre que celle d’un sac Birkin…
Les propos de Mason Rotchschild n’ont pas ému Hermès qui n’a vu en lui qu’un “spéculateur numérique” et dans ses NFT un “système d’enrichissement rapide” donnant la fausse impression que la maison de couture les approuvait et ne respectant pas les droits de sa marque “Birkin”…
133.000 dollars de dommages et intérêts
En février déjà, le jury de Manhattan avait tranché en faveur d’Hermès, condamnant l’artiste à lui verser 133.000 dollars de dommages et intérêts (environ 122.125 euros environ).
Mais le sellier avait renouvelé sa plainte un mois plus tard, après avoir constaté que Mason Rothschild continuait “de promouvoir les ventes de NFTs MetaBirkins via des réseaux sociaux variés”, avec, à la clef, “des royalties pour les ventes de ce type. » Le sellier souhaitait l’arrêt de ces ventes, la restitution des jetons restants et des recettes tirées des ventes antérieures au procès.
Mason Rothschild a répliqué que la demande d’Hermès allait “bien au-delà de ce qui est approprié dans une affaire comme celle-ci, qui porte sur la liberté d’expression”.
Mais le juge fédéral ne l’a pas approuvé. Dans une nouvelle décision, Jed Rakoff a décidé que le créateur ne pouvait plus promouvoir et vendre ses NFT Metabirkins.
Tromper les consommateurs
« La stratégie du prévenu était de tromper les consommateurs pour leur faire croire, avec ses variations des marques déposées de Hermès, que Hermès approuvait ses NFTs MetaBirkin. » a ainsi souligné Jed Rakoff dans son jugement.
La jurisprudence de l’affaire Hermès/Rotchschild fera date en remettant de l’ordre dans le Far West des Nft. Et en rassurant les Maisons de luxe sur le sujet…
Lire aussi > Procès Hermès : vers une jurisprudence sur les NFTs ?
Photo à la Une : © Instagram