Le couturier et ancien directeur de la création de la Maison Dior, successeur de Yves Saint Laurent, est décédé mercredi 6 septembre à l’âge de 97 ans à Châtillon-sur-Seine, en Bourgogne.
Bien qu’il ait pu, grâce à sa longévité exceptionnelle au sein de la Maison de couture, accompagner plusieurs générations entre les trente glorieuses et la fin de la décennie 1980, il est sans doute l’un des designers les plus méconnus de la saga Dior.
Une création au service des femmes de tous les jours
Plus discret et moins flamboyant que, parmi ces successeurs, l’italien Gianfranco Ferré ou le sanguin John Galliano, Marc Bohan a d’abord dessiné des vêtements pour de “vraies femmes” autant que nourri un goût prononcé pour “une notion de beauté intemporelle”.
Ainsi, avait-il déclaré au magazine WWD, “je fais des vêtements pour de vraies femmes, pas pour moi-même, par pour des mannequins et pas pour les magazines de mode”.
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Si son style est resté dans la plus pure continuité du fondateur Christian Dior, on lui doit toutefois le lancement des lignes de prêt-à-porter féminin “Miss Dior” (1972), de la ligne “Baby Dior” ou encore de la ligne masculine “Dior Homme” (1970). Une segmentation toujours d’actualité au sein de la Maison.
Témoin de l’évolution des mœurs, de la société des loisirs émergente et surtout de la culture jeune, avec lui, les robes gagnent en praticité et raccourcissent.
La passion du dessin chevillée au corps
Né à Paris le 22 août 1926, Marc Bohan se passionne dès son plus jeune âge pour le dessin et la mode, encouragé par une mère, modiste. A l’issue de sa formation dans le dessin de mode, il entre chez Robert Piguet en 1946 avant de poursuivre sa formation chez le couturier britannique Edward Molyneux, installé à Paris, où il reste jusqu’en 1951.
Il tente en vain de monter sa propre entreprise mais les finances venant à manquer, il ne fait pas plus d’une saison. Jean Patou lui donne sa chance, le propulsant à la tête de ses collections haute couture.
Le continuateur de l’esprit de Christian Dior
Il arrive chez Dior en 1957, en tant que chargé de la création des collections à Londres. Fin octobre 1960, il est convoqué par Marcel Boussac, propriétaire de la Maison de couture pour remplacer au pied levé un Yves Saint Laurent hospitalisé. Le jeune couturier est chargé d’orchestrer aussi bien les collections haute couture que prêt-à-porter.
Ses collections défilent pour la première fois à l’occasion du printemps-été 1961. Dépassé par une époque marquée par une inflation des licences, il est éjecté soudainement de la Maison de couture en 1989, soit 32 ans passés chez Dior. Un record, qui bat même en nombre d’années celles passées par le fondateur à la tête de la création !
Remplacé par le fantasque Gianfranco Ferré, il devient directeur artistique de la Maison britannique et fournisseur de la couronne, Norman Hartnell et ce jusqu’en 1992.
Ainsi, d’après une information publique sur le site Libra Memoria, un service religieux est prévu pour le 13 septembre à l’église Saint-Nicolas suivi d’une crémation.
Il sera ainsi possible de dire au revoir à celui qui avait un sens des proportions et de la coupe sans égal autant qu’un fort attrait pour l’opéra et le théâtre. Mais discret jusqu’au bout, n’aimait pas, pour sa part, être au centre du spectacle. Il préférait que ses amis ou clientes prennent la lumière tels l’écrivaine Françoise Sagan, l’artiste engagée Niki de Saint Phalle, l’actrice Elizabeth Taylor ou encore Grace de Monaco.
Une génération à des années-lumière de certains designers-stars d’aujourd’hui !
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Photo à la Une : © Presse
