Selon Bloomberg News, L Catterton envisage, parmi une série d’options stratégiques, une possible introduction en bourse pour Birkenstock. Si cette dernière venait à être retenue, elle permettrait de valoriser le fabricant allemand de sandales à plus de 6 milliards de dollars.
D’après le média américain qui cite des sources proches du dossier, le fonds de capital investissement planche actuellement avec des conseillers, dont Goldman Sachs et JPMorgan, sur une éventuelle introduction en bourse aux États-Unis. Laquelle pourrait survenir cette année ou courant 2024,
L Catterton et Birkenstock se sont refusés à tout commentaire. Bloomberg Media précise toutefois que L Catterton pourrait tout à fait décider de ne pas procéder à l’opération.
L Catterton, l’autre force de frappe de LVMH
Fond gérant près de 30 milliards de dollars d’actifs liés aux biens de consommation, L Catterton provient de l’union en 2016 entre la société d’investissement Catterton, LVMH et Groupe Arnault, la holding de Bernard Arnault, PDG et actionnaire principal de LVMH au travers de sa famille.
L Catterton dispose d’une division mode et luxe, ayant précédemment investi dans les marques Ganni, Third Love, Everlane et Sweaty Betty.
En 2021, ce dernier avait procédé à l’achat de la marque Birkenstock, via une prise de participation majoritaire, avec le soutien de Financière Agache, le bureau familial du milliardaire français et patron de LVMH Bernard Arnault .
Si le prix n’avait alors pas été divulgué, Bloomberg News avait estimé que la transaction avait valorisé la société à environ 4,9 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros).
Bloomberg News avait précisé que les frères Birkenstock conservaient une participation au sein de la société.
En juillet 2021, Reuters a rapporté que L Catterton avait engagé des discussions avec des banques d’investissement afin d’évaluer les options possibles pour la marque de sandales, y compris une introduction en bourse ou une fusion SPAC.
Une marque ringarde devenue phénomène de luxe
Il aura fallu du temps avant que Birkenstock et ses chaussures orthopédiques ne chausse plus exclusivement les hippies et les touristes allemands en goguette. On peut désormais les trouver aux pieds des fashionistas les plus pointues rêvant de se donner des airs de gypsets (de la contraction avec “Gypsy” et se définissant comme un style bohémien chic, ndlr).
Aujourd’hui, sa sandale Arizona – symbole de la contreculture des années 1970 – et son sabot Boston sont devenus des essentiels des vestiaires de mode. La plateforme e-commerce de luxe Yoox a précisé dans son rapport annuel que le modèle Boston était sa chaussure best seller de l’année 2022.
La marque fondée il y a près de 250 ans vient d’ailleurs de sortir une collection capsule anniversaire et estivale.
2023 célèbre en effet les 60, 50 et 40 ans des sandales Madrid, Arizona et Gizeh. Une collection ultra exclusive limitée en fonction de l’année de naissance respective de chaque modèle, soit 1 963 paires pour la Madrid, 1 973 paires pour l’Arizona, et 1 983 paires pour la Gizeh.
Pionnière dans la chaussure de confort et ce dès la création de sa fameuse semelle anamorphique flexible, la marque allemande de sandales a bénéficié d’un attrait renouvelé pour des produits où le confort primait sur le design au cœur de la pandémie.
En 2020, l’entreprise fait de nouveau les gros titres avec la sortie de l’œuvre Birkinstock par MSCHF (prononcer Mischief, méfait, ndlr). Toute en transgression, ce collectif d’artistes new yorkais avait alors déchiré d’authentiques sacs Birkin de la Maison Hermès pour en faire une paire de sandales en peau de crocodile à l’image de la marque allemande.
La même année, la marque a même été élue “sandale de l’année” par le Vogue anglais. Une médiatisation qui a sans doute contribué à au coup d’accélérateur des recherches liées à la marque, celles-ci grimpant de 225%, d’après l’application mode Lyst.
Un retour en grâce également porté ces dernières années par une génération Z, désireuse de contester les diktats esthétiques genrés des générations précédentes et d’embrasser la tendance des “chaussures moches” (Ugly Shoes). Ce phénomène stylistique est aussi incarné par d’autres marques à l’allure polarisante comme les Crocs ou les Doc Martens.
Depuis, les marques parmi les plus exclusives, tels Valentino ou Manolo Blahnik, se bousculent pour signer des collaborations avec Birkenstock toujours plus “edgy”.
Pépite du groupe LVMH, Dior a aussi réitéré dernièrement sa collaboration initiée l’année dernière.
Dans un style utilitaire et coloré, la Maison de luxe a revisité les mules Tokio et les sandales Milano. Ces modèles sont disponibles dans trois teintes (là savoir le jaune, le kaki et le gris verdâtre) contrastent avec les tons neutres de la précédente collaboration, le tout réhaussé du monogramme Oblique de Dior et de la fameuse semelle orthopédique. Autant d’initiatives qui permettent à Birkenstock de résister aux marques du temps.
Photo à la Une : © Birkenstock