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Comment retenir l’attention sur le sujet de la responsabilité environnementale quand les avalanches de communiqués et conférences commencent à lasser les médias, le grand public et les salariés ?
Le groupe Lvmh a fait preuve d’imagination. Il vient d’organiser, le mercredi 11 mai, un Tribunal pour les générations futures, dans un lieu hautement symbolique : l’amphithéâtre du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.
Transformé en salle de Tribunal, celui-ci a permis de tenir un exercice à la fois ludique et instructif, à mi-chemin entre le procès et la joute oratoire. Le numéro un du luxe n’a pas hésité à sortir de sa zone de confort, en s’associant pour l’occasion au magazine Usbek & Rica, connu pour son ton plutôt engagé à gauche.
Antoine Arnault dans le public.
L’idée : faire réagir à une question, débouchant sur des prises de position tranchées, à savoir : “peut-on rendre au vivant ce qu’on lui a pris ?”.
Dans le public, installé dans l’amphithéâtre, étaient conviés des salariés, apprentis et dirigeants du groupe, des représentants de la protection de l’environnement et quelques journalistes. Parmi eux, en bras de chemise décontracté : Antoine Arnault, le fils de Bernard Arnault, directeur général de Berluti et président de Loro Piana.
Dans le prétoire : une présidente (la journaliste Karine Vergniol), un avocat et un procureur (Blaise Mao et Thierry Keller, les co-fondateurs d’Usbek & Rica), un dessinateur (Tommy Dessine), et un jury. Sous la houlette d’une présidente (Astrid Tarteret, la confondatrice de Fermes En ViE), celui-ci réunissait deux salariés du groupe (Jean-Baptiste Barthes, le vice-président opérations et savoir-faire de Berluti et Sandrine Sommer, la directrice du développement durable de Moët-Hennessy) et six personnalités de la société civile, d’associations ou d’entreprises engagées (Earthworm Foundation, la Fresque du climat, Reforest’Action, la ferme voyageuse, les jeunes agriculteurs…).
Au titre des témoins, chargés de répondre à la question déjà évoquée, ont défilé trois spécialistes et défenseurs reconnus de l’environnement : la juriste Marine Calmet, spécialisée en droit de l’environnement et des peuples autochtones, Pierre Cannet, le directeur du plaidoyer de WWF France et Laura Magro, le deputy director du Centre européen d’excellence en biomimétisme de Senlis. Mais aussi, au nom de Lvmh, Hélène Valade, la directrice développement environnement du groupe.
La directrice environnement de Lvmh gentiment bousculée.
Tous ont ainsi pu répondre à l’avocat et au procureur, les interrogeant sur la marge de manœuvre dont dispose encore l’être humain pour compenser le mal qu’il cause à l’environnement. Alors que les trois premiers ont pu valoriser leur action, Hélène Valade s’est fait gentiment bousculer par le procureur : comment, en tant qu’entreprise, pouvez-vous continuer à croître en respectant la nature ? Comment faire alors que vos clients vous réclament toujours plus de produits ? Bien préparée, la directrice développement environnement ne s’est pas laissé démonter. Elle a plaidé pour une troisième voie, entre les deux extrêmes de la croissance et la décroissance, celle d’une “croissance régénératrice du vivant” derrière laquelle se rallie Lvmh. Elle a ainsi rappelé que la première responsabilité de son groupe était d’offrir des “produits qui durent”, qui “se transmettent de génération en génération”. Lvmh participe aussi à l’économie circulaire, en réparant les souliers ou portefeuilles de ses clients ou en utilisant de plus en plus de matières recyclées. Comme le cachemire, qui sous sa forme régénérée, est 455% moins émetteur de CO2 que sa version vierge. Pendant la crise du covid, Lvmh a continué d’ouvrir des ateliers, non seulement créateurs d’emplois mais aussi équipés d’outils de production adaptés aux fibres recyclées. Mais le leader du luxe s’engage aussi dans des actions de régénération de la nature. Par exemple, au Pérou, un partenariat avec le gouvernement péruvien a permis de reconstituer des troupeaux de vigognes, dont la laine ultra douce est sans doute la plus chère et luxueuse au monde. On dénombre désormais environ 400.000 individus de l’espèce, naguère menacée de disparition.
Verdict.
Le procureur et l’avocat se sont aussi livrés, chacun, à une plaidoirie. D’un pessimisme sans appel, le premier a jugé impossible de redonner au vivant ce que l’homme lui avait pris. Et carrément suggéré de “parquer” les humains dans des centres urbains, afin de sanctuariser les espaces naturels. Le second a plaidé pour le oui et l’optimisme de l’action. Et ce en invitant à prendre pour modèle un jeune entrepreneur australien ayant fait fortune dans l’informatique, qui a racheté un groupe de centrales à charbon…afin de les fermer et les remplacer par des parcs éoliens et solaires.
Enfin, comme dans tout procès qui se respecte, il fallait bien sûr un verdict. Le Jury a tranché d’un cheveu en votant oui (“on peut rendre au vivant ce qu’on lui a pris”) à cinq voix contre quatre pour le non. Appelé à voter en scannant un QR, sous le contrôle d’un huissier, le public a, lui aussi, répondu par l’affirmative, à 55%. Un écart ténu, alors que l’environnement danse lui-même sur un volcan…
Lire aussi > LE PDG DE LVMH EST PLÉBISCITÉ PAR SES ACTIONNAIRES
Photo à la Une : © DR[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row njt-role=”not-logged-in”][vc_column][vc_column_text]
Comment retenir l’attention sur le sujet de la responsabilité environnementale quand les avalanches de communiqués et conférences commencent à lasser les médias, le grand public et les salariés ?
Le groupe Lvmh a fait preuve d’imagination. Il vient d’organiser, le mercredi 11 mai, un Tribunal pour les générations futures, dans un lieu hautement symbolique : l’amphithéâtre du Muséum national d’histoire naturelle de Paris.
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