Face au risque croissant de l’inflation qui menace les valeurs du luxe, Richemont a annoncé la création d’une entité dédiée aux parfums et à la beauté. Pour accompagner ce basculement stratégique, le géant suisse du luxe a également annoncé trois nominations clés à son équipe de direction.
Les marchés boursiers européens ont clôturé en baisse mercredi, sous l’influence de plusieurs indicateurs récents et de l’annonce de l’extension des réductions de la production de pétrole par l’Arabie saoudite et la Russie, ce qui suscite des inquiétudes quant à une inflation plus durable que prévue. À cela, s’ajoutent de nouveaux signes de faiblesse dans les économies chinoise et européenne, qui exercent une pression sur le moral des investisseurs.
Dans ce contexte, Johann Rupert, le président de Richemont, le groupe suisse propriétaire de marques telles que Cartier, Piaget et Chloé, a déclaré que la demande de produits de luxe en Europe commençait à être touchée par l’inflation. Selon lui, les prix élevés incitent même les consommateurs européens aisés à réduire leurs achats.
Cela s’illustre par le recul des actions de LVMH, qui ont baissé de 3,6% à Paris hier mercredi, tandis que le cours de l’action Richemont a chuté de plus de 5% en Suisse.
Pour mieux faire face à la menace, Richemont vient ainsi de faire deux annonces importantes, soit la création d’une nouvelle entité Parfums et Beauté, ainsi que d’importantes nominations au sein de son comité exécutif.
Branche dédiée aux parfums et à la beauté
Richemont a ainsi dévoilé la création d’une nouvelle entité axée sur les parfums et la beauté, emboîtant le pas à ses concurrents tels que le groupe français Kering, qui a lancé sa division Beauté en février dernier, et la maison italienne Dolce & Gabbana, qui a internalisé ses activités de beauté en 2022 sous la bannière de Dolce & Gabbana Beauty.
Le groupe suisse, qui a acquis le fabricant de produits de maroquinerie Delvaux en 2021 ainsi que le chausseur italien Gianvito Rossi en juillet dernier, a créée cette nouvelle structure, baptisée ‘Laboratoire de Haute Parfumerie et Beauté’ dans le but de permettre à ses six maisons déjà actives dans le domaine de la parfumerie de renforcer leur présence dans ce secteur hautement concurrentiel.
Nominations
Richemont a sélectionné Boet Brinkgreve, un expert des industries chimiques, des parfums et des arômes, ayant accumulé trois décennies d’expérience aux États-Unis, en Chine et en Europe, pour devenir le PDG du ‘Laboratoire de Haute Parfumerie et Beauté’.
Monsieur Brinkgreve est diplômé en génie mécanique de l’Université d’Eindhoven/HTS Den Bosch, aux Pays-Bas, et détient un master en administration des affaires de l’Insead, en France. Cet expert suisse d’origine néerlandaise a occupé plusieurs postes de haute direction chez DSM – Firmenich entre 2007 et 2023, dont le plus récent était la présidence de la division Ingrédients et Achats du groupe. Avant cela, il a travaillé chez DuPont dans des rôles de développement commercial de 2003 à 2007 et a fondé plusieurs entreprises.
Swen Grundmann a, lui, été promu au poste de directeur des affaires corporatives. Cet expert néerlandais en droit et gouvernance d’entreprise a rejoint Richemont en 1996 en tant que conseiller juridique et a gravi les échelons pour devenir secrétaire général du groupe en 2017. Il exercera sa nouvelle fonction, tout en conservant son rôle de secrétaire d’entreprise. Il devient par ailleurs membre du comité exécutif.
Enfin, Gary Saage a rejoint le conseil d’administration. Ayant rejoint Richemont en 1988, il a occupé le poste de directeur financier du groupe de 2010 à 2016. On prévoit qu’il assumera la présidence du comité de vérification.
Développer créations et licences
[arm_restrict_content plan=”1,” type=”show”]
Selon Richemont, le ‘Laboratoire de Haute Parfumerie et Beauté’ travaillera « en collaboration avec les marques, en préservant leur positionnement haut de gamme distinctif, afin de les soutenir dans le développement de créations raffinées et de licences prometteuses ».
« Le rôle de Boet sera essentiel pour permettre à nos maisons d’exploiter pleinement leur potentiel sur ce marché dynamique, en élargissant leur base de clients tout en renforçant leur capacité à répondre aux exigences de leurs clients très exigeants », a commenté Johann Rupert.
Interparfums inquiet
L’arrivée de cette personnalité de premier plan au sein de l’entreprise suisse a suscité des inquiétudes au sein de l’industrie du Parfum, notamment chez des acteurs tels qu’Interparfums. En effet, le groupe français détient les licences de parfum de deux des marques phares de Richemont, à savoir Montblanc et Van Cleef & Arpels, et a vu la valeur de ses actions chuter à la Bourse de Paris lors de la séance du mercredi 6 septembre suite à cette annonce.
Les acteurs de l’industrie s’inquiètent que l’élu prenne des décisions concernant l’octroi de licences à des tiers, ou révoque des licences déjà accordées, notamment celle de Montblanc. Cette dernière est devenue la principale marque du portefeuille d’Interparfums, représentant 27 % d’un chiffre d’affaires proche de 400 millions au premier semestre. Le contrat avec Richemont pour les fragrances de Van Cleef & Arpels contribue, lui, à hauteur de 3 % des revenus du groupe français.
[/arm_restrict_content] [arm_restrict_content plan=”1,” type=”hide”] [elementor-template id=”101048″] [/arm_restrict_content]
Lire aussi>RICHEMONT CHUTE EN BOURSE APRÈS DES RÉSULTATS TRIMESTRIELS JUGÉS DÉCEVANTS
Photo à la Une : ©Richemont
