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Dans Les leçons du mal, Thomas H. Cook nous rappelait que “L’harmonie, c’est l’oppression dans un gant de velours.” Il faut croire qu’aujourd’hui, le gant seul suffit à rendre une tenue harmonieuse. Prolongement du vêtement et touche finale apportée à un ensemble, le gant est remis à l’honneur cet hiver par de nombreuses marques de luxe.
Accessoire emblématique de cette saison automne-hiver, le gant est présenté de bien des manières par les diverses enseignes du luxe : alors qu’il est assorti ton sur ton chez Balmain, Marine Serre, Saint Laurent ou Olivier Theyskens, voire imprimé du même motif dans les collections de Balenciaga, Burberry et Richard Quinn pour Moncler, le gant apparaît dans des couleurs très vives chez Kocher ou Lanvin, parfois même argentées chez Valentino, métallisées chez Erdem ou encore fluorescentes chez Comme des Garçons. Constitué d’une seule peau (Lacoste) ou d’un patchwork de cuir et couleurs (Louis Vuitton), le gant est érigé par les marques de luxe comme l’accessoire par excellence.
Cette réhabilitation récente du gant est soulignée par le styliste Abdel El Tayeb, encore élève de l’École nationale supérieure des arts visuels de la Cambre de Bruxelles : “Le gant m’attirait depuis longtemps. C’est un accessoire que les gens de mon âge n’ont pas forcément l’habitude de porter mais, justement, en le détournant, en jouant avec sa forme, ses volumes, son style, je suis convaincu qu’il y a matière à le réinventer.” Les silhouettes magnifiquement gantées d’Abdel El Tayeb lui ont valu une certaine notoriété sur les réseaux sociaux. Ses modèles aux allures multiples ont été confectionnés en collaboration avec la ganterie Agnelle de Saint-Junien (Haute Vienne).
L’exception de la ganterie française tient en effet à la quinzaine d’entreprises spécialisées présentes sur le territoire, ainsi qu’aux 350 personnes œuvrant dans le secteur pour un chiffre d’affaires global de 50 millions d’euros. La plupart des ateliers français sont membres de la Filière Française du Cuir et de la Fédération Française de la Ganterie dont tous les adhérents sont certifiés Entreprise du Patrimoine Vivant. Délivré par le Ministère de l’économie et des finances depuis 2005, le label EPV est un gage de qualité des matières premières employées dans la confection du gant. Les gantiers français ont notamment gardé l’habitude de se fournir en matières premières à proximité de leurs ateliers.
Ces artisans se sont également attachés à transmettre leur savoir-faire au fil des générations. Leur expertise s’articule autour de la sélection minutieuse du cuir, de son façonnage manuel, de sa découpe précise et de la réalisation de coutures très fines à l’intérieur de chaque doigt. Pour qu’il aille littéralement “comme un gant” à celui qui le porte, l’accessoire doit être réalisé symétriquement pour les deux mains qui totalisent un très grand nombre d’articulations. Il est important de rappeler que d’autres savoir-faire sont inhérents à la confection d’un gant. Historiquement, c’est à Millau que des activités de recyclage, de délainage et de transformation des toisons animales sont développées. À Saint-Junien, de semblables activités de mégisserie ont vu le jour dès le XIe siècle.
Alors qu’en 1998, le Groupe Hermès reprenait la Ganterie Maroquinerie Saint-Junien, en 2012, c’est la filiale Paraffection de la maison Chanel qui faisait l’acquisition de Gant Causse, établis à Millau depuis 120 ans. L’année suivante, le maroquinier Camille Fournet prenait la Maison Lavabre Cadet sous son aile. Ces trois entreprises préservées – ainsi que leurs confrères Agnelle, Atelier du Gantier, Georges Morand et Lesdiguières-Barnier – veillent à former de nouveaux artisans au sein du Centre Technique du Cuir (CTC).
Aujourd’hui, la modernité des gantiers français est également perceptible à travers le déploiement d’activités écoresponsables – les commandes sont directement expédiés depuis les ateliers – et de e-shops, où sont délivrées toutes les informations nécessaires pour choisir une paire à sa taille. Porter un gant permet donc de se protéger du froid, mais également de soutenir un secteur inscrit au cœur des enjeux du Made in France et de l’écologie.
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Photo à la Une : © Abdel El Tayeb, Cambre Mode[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]