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Economie : ces premiers signes de reprise sur le marché chinois

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Réouverture des entreprises, investissements, e-commerce : après deux mois de confinement, l’activité économique reprend doucement son cours en Chine. Jean-Christophe Babin, CEO de Bvlgari, la marque du groupe LVMH, estime même que le niveau de ses ventes “y dépasse depuis trois semaines le niveau de l’année dernière”. Enquête sur la dynamique économique d’un pays en sortie de crise.

 

Alors que l’Europe et les États-Unis sont au cœur d’une période de confinement qui va encore probablement durer plusieurs semaines, la Chine a déjà entamé son “déconfinement” et vit les débuts d’une reprise économique.

 

Une reprise timide mais encourageante

 

Selon le Bureau national des statistiques, l’indice des directeurs d’achat – qui sert de référence pour évaluer l’activité économique d’un pays – s’est établi en Chine à 52 points en mars, après un niveau historiquement bas en février (35,7 points). Il semblerait donc que la Chine soit à nouveau sur le chemin de l’expansion car un résultat au-dessus de 50 points signifie que l’activité est en croissance.

 

« La reprise en Chine, quoique limitée, est encourageante, indiquant que les mesures d’endiguement de la pandémie peuvent parvenir à un succès dans le contrôle de l’épidémie », estimait début avril Gita Gopinath, économiste en chef du Fonds monétaire international.

 

Le ralentissement de la contagion dans le pays et la levée progressive des mesures de confinement ont en fait permis aux usines de redémarrer progressivement et donc à l’économie de redécoller. Ainsi dans la région du Shandond en Chine, l’usine du constructeur automobile français Peugeot Motocycles, fermé depuis février, a rouvert ses portes et constaté des signes satisfaisants de reprise. « La production a retrouvé son niveau d’avant-crise et même un peu plus », affirmait son CEO Costantino Sambuy le 6 avril dans une interview au magazine Le Point.

 

De même, l’équipementier Nike annonçait fin mars la réouverture de 80% de ses magasins en Chine: “Au moment où le redressement démarre en Chine, aucune autre entreprise n’est aussi bien équipée que Nike pour évoluer dans le climat actuel“, estimait dans un communiqué John Donahoe, directeur général de la marque.

 

L’observation de données telles que la pollution ou les transports a permis de confirmer un regain d’activité : « Le taux d’utilisation des capacités se situe actuellement entre 65% et 70%, ce qui n’est pas si éloigné des 80% enregistrés en temps normal, synonymes de pleine capacité », d’après l’économiste Dan Scott.

 

Selon plusieurs enquêtes réalisées par les Chambres de Commerce, l’activité aurait donc repris à 75 % dans l’ensemble du pays. Et pour l’agence Bloomberg, les réservations d’hôtels auraient augmenté de 40 % au 1er mars par rapport à la semaine précédente et les réservations de vols domestiques auraient aussi été 3,3 fois plus nombreuses pour la dernière semaine de février par rapport à la semaine précédente.

 

Une expansion fulgurante du e-commerce

 

Alors que l’économie chinoise sort progressivement de sa torpeur, les mesures de confinement dues au coronavirus en Chine ont stimulé au plus haut point le développement du commerce en ligne.

 

Le pays a ainsi assisté à une flambée de 300 % de ses ventes en ligne pendant la période de confinement, principalement via les plateformes numériques Alibaba et Taobao. Les ventes de tapis de yoga et de rameurs pour pratiquer la gymnastique à domicile auraient atteint jusqu’à 250% de hausse sur une période de deux semaines en février par rapport à la même période de 2019.

 

Les achats Nike sur les plateformes de commerce en ligne ont eux aussi bondis de 36% pendant la période de confinement chinois, dépassant de plus de 30% les ventes réalisées dans les magasins physiques. “Les revenus ont augmenté de 5% à 10,1 milliards de dollars lors des trois mois clôturés le 29 février, correspondant au troisième trimestre de l’exercice fiscal 2019/20“, selon une analyse BFM TV.

 

Les consommateurs chinois, confinés, se sont également initiés à de nouvelles façons de faire du shopping depuis chez eux. Ainsi, 130 000 téléspectateurs se sont connectés en trois jours (du 6 au 8 mars) sur Douvin, l’équivalent chinois de TikTok, pour regarder une diffusion en direct depuis le centre commercial New World à Shanghai. Pendant 12 heures chaque jour, différents hôtes embauchés par le centre commercial ont alors vendu des produits de marque comme Adidas, Dior et Lego.

 

Boosté par l’essor du digital, la Chine peut donc compter sur un commerce numérique en pleine santé pour renforcer sa conjoncture économique et consolider sa phase de relance.

 

Les craintes d’une reprise en dents de scie

 

Les chiffres d’une reprise économique ne signifient pas que la production est revenue à sa tendance antérieure au virus, met en garde Julian Evans-Pritchard, analyste chez Capital Economics. Cela suggère simplement que l’activité économique s’est légèrement améliorée par rapport au sombre bilan de février ».

 

Les données plutôt encourageantes du mois de février et de mars ne sont en effet pas le gage d’une embellie, et encore moins d’une stabilisation de l’activité économique pour les mois à venir. Chamboulée par une crise d’une ampleur sans précédent, la Chine doit renaître de ses cendres.

 

Au cours des deux premiers mois de l’année, les ventes au détail ont en effet chuté de 20,5 % et la production industrielle de 13,5 % par rapport aux deux premiers mois de 2019. D’après Trivium China, l’économie nationale tournait à 72,6 % de sa production habituelle le 19 mars, et les PME, à seulement 71 %.

 

Aussi, le pays a fait face à une chute drastique des imports de matières premières, des biens de consommation et produits de luxe. “Moncler accuse une chute de 80 % de ses ventes depuis le début de l’épidémie, Burberry a fermé 24 de ses 64 boutiques en Chine tout comme Starbucks, qui a baissé le rideau de la moitié de ses 4 000 points de vente”, souligne Armand Mazloumian, président fondateur du French Chinese Center et responsable des paiements électroniques de La Banque postale en Chine.

 

Cette forte chute de la demande intérieure aurait entraîné un manque à gagner énorme pour certaines entreprises, comme pour le groupe Danone en Chine qui aurait perdu plus de 100 millions d’euro depuis janvier.

 

De plus, une reprise en forme de W est redoutée par les experts, d’une part parce que les entreprises chinoises risquent de subir le contrecoup des mesures de confinement pendant de nombreux trimestres et d’autre part parce qu’une résurgence de l’épidémie en Chine n’est pas impossible.

 

Une politique de relance économique

 

Face à de profondes incertitudes, la Chine a décidé d’investir des milliard de yuan dans sa reconstruction économique. “Afin de relancer l’économie, les gouvernements locaux ont annoncé leurs plans d’investissement pour des projets majeurs. Une vague d’investissements dans les infrastructures est déjà en œuvre”, a rapporté le magazine économique chinois Zhongguo Jingji Zhoukan, le 15 mars dernier.

 

Le secteur de l’intelligence artificielle sera lui aussi particulièrement accompagné dans ce plan de relance, tout comme le secteur de l’automobile : les acheteurs chinois de véhicules propres ne paieront pas de taxes pendant deux ans afin de les inciter à investir de nouveau.

 

Au total, ce sont 49 600 milliards de yuans qui seront investis ces prochaines années contre 7 600 milliards de yuans en 2020.

 

Et pour intensifier sa relance économique, la Chine s’est également engagé à aider le reste du monde dans la lutte contre le coronavirus. Ainsi, les institutions bancaires se sont mobilisées pour aider 20 pays dans le monde. La Banque de Chine a notamment fait un don de 2,25 millions de pièces de fournitures médicales, dont des masques et des combinaisons, à différents pays. Des efforts financiers qui permettraient à terme à la Chine de retrouver une balance commerciale excédentaire via une augmentation des exportations.

 

Si le pays devrait pouvoir éviter une crise à court terme grâce à ces mesures de relance, il n’est pas exclu que la pandémie de Covid-19 provoque une explosion de la dette d’ici quelques mois. Dans un contexte général marqué par un manque de perspectives, la Chine reste donc prudente, tout en poursuivant son lent et complexe redémarrage.

 

 

 

Lire aussi > Le PDG de Swatch Group ne voit qu’un impact « massif » temporaire du coronavirus en chine

 

Photo à la Une: © RCI[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row njt-role=”not-logged-in”][vc_column][vc_column_text]

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