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[ENQUÊTE] Corée du Sud : Quand le luxe occidental courtise la K-pop (Partie 2/5)

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La conquête du luxe en Corée ne passera pas que par l’ouverture de boutiques ou des défilés spectaculaires. Il sera également question de soft power et de valeurs optimistes et consensuelles. C’est justement ce que promet la Hallyu. Cette vague coréenne est d’autant plus influente qu’elle s’appuie sur une grande variété de produits culturels comme la musique K-pop ou les séries TV.

Nous l’avons vu lors de notre précédent épisode, la Hallyu désigne tout ce qui a trait de près ou de loin à la culture coréenne. 

 

Cet actif stratégique du pays sert de traction aussi bien à l’export dans le domaine du divertissement que dans le tourisme international. 

 

Ce qui n’était vu que comme un petit pays longtemps isolé est désormais une grande puissance économique doublé d’une figure de plus en plus influente non seulement en Asie mais aussi dans le monde. 

 

Difficile à croire, mais si le pays a su au mieux promouvoir ses créations, c’est en s’inspirant directement de son voisin et pourtant ennemi héréditaire, le Japon.

 

Une plus grande variété de produits culturels que le Japon

 

La force de la Hallyu réside dans son offre pléthorique de produits culturels

De nos jours, le Japon demeure le seul État asiatique en mesure de rivaliser avec la Corée en termes de diversité des produits culturels :  jeux vidéos, musique J-pop, mangas et animés (ndlr : films d’animation). 

Le Pays du Soleil Levant a su réorienter à temps son économie faite d’industrie lourde vers l’électronique grand public puis le divertissement. Ce dernier a constitué le cheval de Troie idéal pour pénétrer les marchés américains et européens dès les années 1980. Pour autant, son passé colonialiste envers la Chine et la Corée l’a largement desservi dans l’exportation de ses produits culturels à destination des autres pays asiatiques. 

 

Sans compter la barrière de la langue, le japonais étant l’une des langues les plus difficiles à maîtriser dans le monde. Et ses groupes musicaux étant résolus à ne pas chanter en anglais, langue de leur autorité de tutelle, américaine, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. 

De son côté, la Corée peut se targuer de disposer d’une plus grande typologie de produits culturels pensés dès le départ pour une internationalisation pan-coréenne et même… pan-asiatique. 

Les produits culturels coréens couvrent un vaste territoire d’expression qui va de la musique à la BD (papier avec les Manhwa, digitale avec les webtoons) en passant par le cinéma, les jeux vidéos ou encore la beauté. 

 

Rosé, une des membres du groupe de musique K-pop BlackPink, ambassadrice de la marque de beauté coréenne Sulwhasoo © Sulwhasoo

 

Le sociologue et chercheur Vincenzo Cicchelli précise “La Hallyu comprend trois cercles de produits concentriques qui sont définis par l’intensité et la chronologie de leur diffusion. On y trouve en premier lieu les séries TV (K-drama) et la musique (K-pop) qui se sont exportées le plus substantiellement et le plus massivement.”

 

La seule série Winter Sonata 겨울연가 a été à l’origine de la seconde vague coréenne en Asie de l’est, atteignant le Japon et les Philippines. Sortie en 2002, ce K-drama a généré 27 milliards de dollars de retombées économiques, incluant le tourisme. De nombreux fans ont ensuite afflué sur l’ile de Nami, souhaitant visiter les lieux de tournage, une statue d’un des personnages ayant été édifié à l’emplacement du premier baiser. Les flux touristiques sont ainsi passé de 250 000 à 650 000 après diffusion.

 

© Presse

 

Des séries qui permettent non seulement aux scénaristes de promouvoir les valeurs chères à la culture coréenne (que nous verrons dans un prochain épisode), mais aussi aux marques -notamment dans le luxe- de placer leurs produits iconiques.

 

La série Vincenzo de Netflix, diffusée en 2021, a ainsi permis de présenter en une saison de nombreux modèles phares, inséparables du personnage de l’avocate Hong Cha Young (Jeon Yeo-bin) comme le sac The Pouch de Bottega Veneta, le Peekaboo de Fendi ou encore l’Antigona de Givenchy.

 

Dans un  second temps sont venus les films et les jeux vidéo qui font l’objet d’une identification nationale moins forte. Le dernier cercle est quant à lui arrivé plus tardivement mais il n’en reste pas moins visible dernièrement avec la mode, l’alimentation (K-food) et la cosmétique (K-beauty).”

 

L’hybridité pour identité

 

Parmi eux, la K-pop – ou musique pop coréenne – est un produit hybride : fortement identitaire, sans pour autant renvoyer à des éléments culturels qui lui sont propres. 

 

Sur ce dernier point, il reflète surtout une vision fantasmée – pour ne pas dire “exotique” – du pays vu de l’Occident. Cette hybridité s’immisce jusque dans la composition des morceaux qui combine toujours deux à trois genres musicaux différents comme le rap, la pop, la techno ou encore le moombahton. En cela, la K-pop porte en elle la philosophie de la Gen Z, soucieuse de n’appartenir à aucune case tout en exprimant sa singularité. 

 

Sociologue et chercheur, Vincenzo Cicchelli relève qu’il s’agit d’une hybridité délibérée où “le K qui précède le mot pop signifie qu’il s’agit d’un produit coréen. Il y a une dimension coréenne, sûre et spécifique mais qui initie également le langage du public international de la pop culture à tout niveau.” 

 

Installation du chanteur de K-pop PSY à l’exposition Hallyu The Korean Wave at the VA © V&A Museum, Londres

 

Si le mouvement a connu des débuts plutôt confidentiels à la fin des années 1990, il n’est parti à la conquête du Japon et de l’Asie du Sud-Est qu’au début des années 2000, avant de déferler sur l’occident dans les années 2010 avec le développement des réseaux sociaux. 

 

Comme le précise Thomas Sommer (SG Entertainment), cette pollinisation via des media alternatifs s’est fait “à travers des groupes qui ont repris des codes culturels occidentaux comme BlackPink ou encore BTS. Ce dernier a fini par cartonner au billboard américain, extrayant la K-pop de son statut de musique de niche.”

 

Les deux sociologues et co-auteurs Sophie Octobre Vincenzo Cicchelli confirment : “la K-pop est devenue massive avec le boysband BTS et le girlsband Black Pink. En 2008, Girl Generation avait déjà une forte notoriété au Japon, forte de ses tubes et de son esprit lolita.”

 

Dans le prochain épisode, nous verrons comment la K-pop est parvenu à sortir de son pays d’origine et à séduire l’occident.

 

Lire aussi > Dior : Jimin du groupe coréen BTS devient le nouvel ambassadeur de la marque

 

Photo à la Une : Photo à la Une : L’actrice Hong Cha Young et son sac Antigona de Givenchy dans la série Vincenzo © Netflix [/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row njt-role=”not-logged-in”][vc_column][vc_column_text]

La conquête du luxe en Corée ne passera pas que par l’ouverture de boutiques ou des défilés spectaculaires. Il sera également question de soft power et de valeurs optimistes et consensuelles. C’est justement ce que promet la Hallyu. Cette vague coréenne est d’autant plus influente qu’elle s’appuie sur une grande variété de produits culturels comme la musique K-pop ou les séries TV.

 

Nous l’avons vu lors de notre précédent épisode, la Hallyu désigne tout ce qui a trait de près ou de loin à la culture coréenne. 

 

Cet actif stratégique du pays sert de traction aussi bien à l’export dans le domaine du divertissement que dans le tourisme international. 

 

Ce qui n’était vu que comme un petit pays longtemps isolé est désormais une grande puissance économique doublé d’une figure de plus en plus influente non seulement en Asie mais aussi dans le monde. 

 

Difficile à croire, mais si le pays a su au mieux promouvoir ses créations, c’est en s’inspirant directement de son voisin et pourtant ennemi héréditaire, le Japon.

 

Une plus grande variété de produits culturels que le Japon

 

La force de la Hallyu réside dans son offre pléthorique de produits culturels

De nos jours, le Japon demeure le seul État asiatique en mesure de rivaliser avec la Corée en termes de diversité des produits culturels :  jeux vidéos, musique J-pop, mangas et animés (ndlr : films d’animation). 

Le Pays du Soleil Levant a su réorienter à temps son économie faite d’industrie lourde vers l’électronique grand public puis le divertissement. Ce dernier a constitué le cheval de Troie idéal pour pénétrer les marchés américains et européens dès les années 1980. Pour autant, son passé colonialiste envers la Chine et la Corée l’a largement desservi dans l’exportation de ses produits culturels à destination des autres pays asiatiques. 

 

Sans compter la barrière de la langue, le japonais étant l’une des langues les plus difficiles à maîtriser dans le monde. Et ses groupes musicaux étant résolus à ne pas chanter en anglais, langue de leur autorité de tutelle, américaine, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. 

De son côté, la Corée peut se targuer de disposer d’une plus grande typologie de produits culturels pensés dès le départ pour une internationalisation pan-coréenne et même… pan-asiatique. 

Les produits culturels coréens couvrent un vaste territoire d’expression qui va de la musique à la BD (papier avec les Manhwa, digitale avec les webtoons) en passant par le cinéma, les jeux vidéos ou encore la beauté. 

 

Rosé, une des membres du groupe de musique K-pop BlackPink, ambassadrice de la marque de beauté coréenne Sulwhasoo © Sulwhasoo

 

Le sociologue et chercheur Vincenzo Cicchelli précise “La Hallyu comprend trois cercles de produits concentriques qui sont définis par l’intensité et la chronologie de leur diffusion. On y trouve en premier lieu les séries TV (K-drama) et la musique (K-pop) qui se sont exportées le plus substantiellement et le plus massivement.

 

La seule série Winter Sonata 겨울연가 a été à l’origine de la seconde vague coréenne en Asie de l’est, atteignant le Japon et les Philippines. Sortie en 2002, ce K-drama a généré 27 milliards de dollars de retombées économiques, incluant le tourisme. De nombreux fans ont ensuite afflué sur l’ile de Nami, souhaitant visiter les lieux de tournage, une statue d’un des personnages ayant été édifié à l’emplacement du premier baiser. Les flux touristiques sont ainsi passé de 250 000 à 650 000 après diffusion.

 

© Presse

 

Des séries qui permettent non seulement aux scénaristes de promouvoir les valeurs chères à la culture coréenne (que nous verrons dans un prochain épisode), mais aussi aux marques -notamment dans le luxe- de placer leurs produits iconiques.

 

La série Vincenzo de Netflix, diffusée en 2021, a ainsi permis de présenter en une saison de nombreux modèles phares, inséparables du personnage de l’avocate Hong Cha Young (Jeon Yeo-bin) comme le sac The Pouch de Bottega Veneta, le Peekaboo de Fendi ou encore l’Antigona de Givenchy.

 

“Sont ensuite venus les films et les jeux vidéo qui font l’objet d’une identification nationale moins forte. Le dernier cercle est quant à lui arrivé plus tardivement mais il n’en reste pas moins visible dernièrement avec la mode, l’alimentation (K-food) et la cosmétique (K-beauty).”

 

L’hybridité pour identité

 

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La conquête du luxe en Corée ne passera pas que par l’ouverture de boutiques ou des défilés spectaculaires. Il sera également question de soft power et de valeurs optimistes et consensuelles. C’est justement ce que promet la Hallyu. Cette vague coréenne est d’autant plus influente qu’elle s’appuie sur une grande variété de produits culturels comme la musique K-pop ou les séries TV.

 

Nous l’avons vu lors de notre précédent épisode, la Hallyu désigne tout ce qui a trait de près ou de loin à la culture coréenne. 

 

Cet actif stratégique du pays sert de traction aussi bien à l’export dans le domaine du divertissement que dans le tourisme international. 

 

Ce qui n’était vu que comme un petit pays longtemps isolé est désormais une grande puissance économique doublé d’une figure de plus en plus influente non seulement en Asie mais aussi dans le monde. 

 

Difficile à croire, mais si le pays a su au mieux promouvoir ses créations, c’est en s’inspirant directement de son voisin et pourtant ennemi héréditaire, le Japon.

 

Une plus grande variété de produits culturels que le Japon

 

La force de la Hallyu réside dans son offre pléthorique de produits culturels

De nos jours, le Japon demeure le seul État asiatique en mesure de rivaliser avec la Corée en termes de diversité des produits culturels :  jeux vidéos, musique J-pop, mangas et animés (ndlr : films d’animation). 

Le Pays du Soleil Levant a su réorienter à temps son économie faite d’industrie lourde vers l’électronique grand public puis le divertissement. Ce dernier a constitué le cheval de Troie idéal pour pénétrer les marchés américains et européens dès les années 1980. Pour autant, son passé colonialiste envers la Chine et la Corée l’a largement desservi dans l’exportation de ses produits culturels à destination des autres pays asiatiques. 

 

Sans compter la barrière de la langue, le japonais étant l’une des langues les plus difficiles à maîtriser dans le monde. Et ses groupes musicaux étant résolus à ne pas chanter en anglais, langue de leur autorité de tutelle, américaine, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. 

De son côté, la Corée peut se targuer de disposer d’une plus grande typologie de produits culturels pensés dès le départ pour une internationalisation pan-coréenne et même… pan-asiatique. 

Les produits culturels coréens couvrent un vaste territoire d’expression qui va de la musique à la BD (papier avec les Manhwa, digitale avec les webtoons) en passant par le cinéma, les jeux vidéos ou encore la beauté. 

 

Rosé, une des membres du groupe de musique K-pop BlackPink, ambassadrice de la marque de beauté coréenne Sulwhasoo © Sulwhasoo

 

Le sociologue et chercheur Vincenzo Cicchelli précise “La Hallyu comprend trois cercles de produits concentriques qui sont définis par l’intensité et la chronologie de leur diffusion. On y trouve en premier lieu les séries TV (K-drama) et la musique (K-pop) qui se sont exportées le plus substantiellement et le plus massivement.”

 

La seule série Winter Sonata 겨울연가 a été à l’origine de la seconde vague coréenne en Asie de l’est, atteignant le Japon et les Philippines. Sortie en 2002, ce K-drama a généré 27 milliards de dollars de retombées économiques, incluant le tourisme. De nombreux fans ont ensuite afflué sur l’ile de Nami, souhaitant visiter les lieux de tournage, une statue d’un des personnages ayant été édifié à l’emplacement du premier baiser. Les flux touristiques sont ainsi passé de 250 000 à 650 000 après diffusion.

 

© Presse

 

Des séries qui permettent non seulement aux scénaristes de promouvoir les valeurs chères à la culture coréenne (que nous verrons dans un prochain épisode), mais aussi aux marques -notamment dans le luxe- de placer leurs produits iconiques.

 

La série Vincenzo de Netflix, diffusée en 2021, a ainsi permis de présenter en une saison de nombreux modèles phares, inséparables du personnage de l’avocate Hong Cha Young (Jeon Yeo-bin) comme le sac The Pouch de Bottega Veneta, le Peekaboo de Fendi ou encore l’Antigona de Givenchy.

 

“Sont ensuite venus les films et les jeux vidéo qui font l’objet d’une identification nationale moins forte. Le dernier cercle est quant à lui arrivé plus tardivement mais il n’en reste pas moins visible dernièrement avec la mode, l’alimentation (K-food) et la cosmétique (K-beauty).”

 

L’hybridité pour identité

 

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Victor Gosselin

Victor Gosselin is a journalist specializing in luxury, HR, tech, retail, and editorial consulting. A graduate of EIML Paris, he has been working in the luxury industry for 9 years. Fond of fashion, Asia, history, and long format, this ex-Welcome To The Jungle and Time To Disrupt likes to analyze the news from a sociological and cultural angle.

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