La pandémie mondiale et les sanctions contre les produits russes sont autant d’éléments qui jouent sur l’industrie du diamant. Explications.
A l’instar du charbon, du pétrole ou du gaz, les diamants sont une ressource non renouvelable. Moulés par une combinaison de chaleur et de pression intense pendant des milliards d’années, ils sont un nombre limité. “Pour chaque diamant extrait du sol, il y en a un de moins à trouver” explique Evan Smith, chercheur au Gemological Institute of America.
Mais la limite n’a pas encore été atteinte. En effet, tout autour du globe, il existe de grandes poches de terre qui pourraient être des cibles pour les diamants, comme l’explique Evan Smith, et l’exploration se poursuit dans des endroits reculés comme la péninsule de Melville et l’île de Baffin, dans l’extrême nord du Canada.
Au sud de l’équateur, une nation africaine est sur le point de devenir le seul pays au monde où les trois plus grands exploitants de diamants: Alrosa, De Beers Group et Rio Tinto, sont tous présents. Il s’agit de l’Angola.
“Nous ne sommes pas nécessairement à court de diamants naturels. Nous sommes à court de gisements économiques aux prix actuels” commente Paul Zimnisky, analyste du secteur. L’avenir de l’offre russe constitue un autre élément d’incertitude, car l’un des plus grands producteurs mondiaux, Alrosa, ne peut plus faire d’affaires avec l’un des plus grands marchés de diamants du monde, les États-Unis.
Pressions
2020, début de la pandémie mondiale: La fermeture et les restrictions dans le monde entier entraînent également la fermeture des mines de diamants.
Ce fût le cas de De Beers, dont le PDG, Bruce Cleaver, déclarait en mai 2020 à National Jeweler, que les difficultés liées à la fermeture des mines étaient des “écosystèmes compliqués”. En effet, en décidant quelles mines fermer et pour combien de temps, le groupe a dû résoudre une équation difficile, expliquait M. Cleaver alors, car comment assurer la sécurité et la santé de ses travailleurs et des communautés qui entourent ses mines, sans pour autant leur couper leur seule source de revenus?
Les mineurs de diamants du monde entier ont été confrontés à ce problème tout au long de l’année 2020, la production ayant chuté de 22 % par rapport à l’année précédente pour atteindre un niveau historiquement bas de 107,3 millions de carats, selon les statistiques du Kimberley Process. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées en Russie, au Canada, au Botswana et en Australie, selon un rapport de Bain et Company.
Rareté
Au fil des ans, les diamants sont alors devenus des objets de collection très convoités, dont le prix a grimpé en flèche. Après les fermetures liées au covid-19, en 2020, la demande de bijoux en diamant a rebondi plus rapidement que prévu, stimulée par les économies réalisées car la population ne pouvait pas faire de voyages, aller au restaurant ou vivre d’autres expériences, ainsi que par l’attrait émotionnel des pierres.
Selon Olya Linde, associée au sein de la pratique Énergie et ressources naturelles de Bain and Co. et l’un des auteurs du rapport mondial sur les diamants de la société pour 2020-2021, tous les investissements réalisés par le secteur ces dernières années pour mettre l’accent sur la narration et l’émotion lors de la vente de diamants ont porté leurs fruits, lorsque la pandémie a frappé.
“Les diamants ont touché une corde sensible. Ils (les spécialistes du marketing du diamant) parlaient toujours des connexions émotionnelles et pendant la pandémie, les consommateurs se sont tournés vers cela”, explique-t-elle. Une année 2020 étonnamment haussière a débouché sur une année 2021 qui suit la même tendance, de forte demande pour les diamants.
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Photo à la Une : © Tiffany and Co.