La Maison aux enchères avait vendu en mai dernier la plus grosse partie de la collection de 700 joyaux, constituée par Heidi Horten grâce à la fortune de son mari Helmut. Laquelle avait été amorcée pendant la seconde guerre mondiale, grâce à des biens juifs spoliés. Devant la levée de boucliers suscitée, Christie’s a du annuler la dernière session de vente prévue cet automne.
Le dernier round de la vente des bijoux de la milliardaire autrichienne Heidi Horten, veuve de Helmut Horten, n’aura finalement pas lieu.
Les réactions choquées des organisations juives face à la dispersion d’une collection réalisée grâce une fortune née pendant le régime nazi, a finalement décidé la Maison de vente Christie’s à jeter l’éponge.
Vendredi dernier, la Maison d’enchères Christie’s a envoyé un courriel à l’AFP, dans lequel elle indique avoir “pris la décision de ne pas procéder à d’autres ventes de biens provenant de la succession de Heidi Horten”. Elle a ainsi confirmé une information parue dans le New York Times.
“La vente de la collection de bijoux de Heidi Horten a fait l’objet d’une intense attention, et les réactions qu’elle a suscitées nous ont profondément touchés, ainsi que beaucoup d’autres, et nous continuerons d’y réfléchir” a encore souligné Christie’s.
Revirement
Il s’agit donc d’un revirement majeur pour la Maison de vente.
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Christie’s avait vendu les 10 et 12 mai derniers à Genève la majeure partie des lots de plus de 700 bijoux qui appartenaient à la veuve, pour un montant global de 202 millions de dollars.
Les derniers lots devaient être vendus au mois de novembre.
Pour justifier sa décision, Christie’s avait expliqué que la totalité des revenus générés serait reversée à des œuvres philanthropiques, dont une partie significative aux institutions juives et à l’éducation sur l’Holocauste.
Le Comité juif américain et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) n’avaient pas été convaincus par leur argumentaire, et qualifié la vente d’indécente.
Selon le New York Times, Yad Vashem, le mémorial israélien de la Shoah, mais aussi d’autres organisations, auraient refusé un don provenant de cette vente.
Faute originelle
Car pour eux, la collection Horten était à la base entachée d’une faute originelle, que l’on peut aisément qualifier de “bijoux de sang“, en référence aux diamants de sang, issus de zones de conflit africain.
L’allemand Helmut Horten avait en effet amorcé sa fortune à 24 ans, en 1933, en bénéficiant de la vente sous pression d’actifs commerciaux par des familles juives allemandes. Après avoir réussi à échapper aux poursuites après-guerre, il était devenu le bâtisseur éponyme de Horten, la quatrième plus grande enseigne allemande de grands magasins.
Avec sa femme Heidi, de 32 ans sa cadette, épousée en 1966, ils avaient collectionnée de nombreuses œuvres d’art et de bijoux.
Heidi avait continué sa marotte après le décès de son mari en 1987, en réunissant des centaines de colliers, bracelets, boucles d’oreilles, bagues et autres broches des Maisons les plus fameuses (Bulgari, Cartier, Tiffany, Harry Winston et Van Cleef & Arpels ).
Une vente aux enchères record
Après sa mort, en 2022, les exécuteurs testamentaires avaient confié à Christie’s le soin de procéder à la vente de ce qui était la plus grande et plus précieuse collection privée de bijoux jamais mise aux enchères.
Avec des joyaux éblouissants comme le «Bulgari Laguna Blue», une pierre bleue adjugée 23,1 millions d’euros ou le diadème, un chef-d’œuvre Art déco, porté par George VI et Elizabeth II lors de lors de leurs couronnements, vendu 867 000 euros), les premiers levers de marteaux de Christi’es de mai avaient déjà rapporté gros.
En abandonnant la dernière session de vente, Christie’s limite donc les dégâts. Tout en préservant sa réputation. Et le propriétaire de la Maison d’enchères, via sa holding personnelle Artemis, François-Henri Pinault, sait bien que celle-ci n’a pas de prix…
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Photo à la Une : Collection Heidi Horten, partie 2 © Christie’s
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