Depuis plus de 20 ans de bataille juridique avec la Chine, le célèbre créateur de chaussures de luxe Manolo Blahnik a annoncé hier mardi avoir obtenu gain de cause et pourra désormais utiliser son propre nom dans le pays.
Remontons 23 ans en arrière, quand, en 1999, une marque prénommée « Manolo & Blahnik » est déposée. Bien que ce nom subtilise le nom de la griffe britannique, cette marque est approuvée en janvier 2000 en Chine, car prévaut dans le pays un système de « premier déposant » .
La même année, la maison explique dans un communiqué avoir déposé plainte auprès de l’Office chinois des marques, puisque cette marque empêchait le créateur d’utiliser son propre nom dans toute la Chine. S’engage alors 22 ans de procédure judiciaire, affaire qui sera renvoyée à de multiples reprises en appels, alors que Manolo Blahnik plaidait pour prouver l’existence depuis les années 1970 de sa marque et le non-usage de la marque déposée en Chine.
L’audience s’est déroulée en janvier dernier devant la Cour populaire suprême de Chine, où un jugement définitif de cette dernière en juin a finalement donné raison au créateur et confirmé l’invalidation du premier dépôt de nom, après avoir essuyé rejets sur rejets.
Libération pour Manolo Blahnik
Privée d’accès au marché chinois pendant plus de deux décennies, Kristina Blahnik, PDG de l’entreprise et nièce du fondateur a partagé son impatience de rattraper le temps perdu en « partageant l’histoire, les créations et les passions de Manolo » et d’enfin se joindre à « l’avenir dynamique » de la Chine.
De son côté, le créateur espagnol Manolo Blahnik, fondateur et directeur créatif de la marque a déclaré : « Nous sommes humbles et reconnaissants du soutien que nous avons reçu en Chine et à l’international, tant au sein de l’industrie de la mode qu’au-delà. Cette aide généreuse a largement contribué à ce résultat positif. Mes sincères remerciements à la Cour populaire suprême de Chine et à toutes les personnes impliquées dans cette très longue affaire; le résultat est remarquable » .
De plus, l’entreprise a également salué l’évolution au fil des années du régime des marques en Chine. Loin d’être un cas isolé, bien d’autres marques ou groupes occidentaux ont connu des cas d’usurpation de leur propre nom en Chine, découvrant au moment d’y commercialiser leurs produits que leur marque y avait déjà été enregistrée par une firme locale.
En 2016, un équipementier sportif local utilisait au profit de ses ventes la transcription phonétique en mandarin du nom de famille de la légende américaine de basket, Michael Jordan. Après plusieurs années de procédure, la Cour suprême chinoise avait enfin décidé d’interdire la commercialisation de cette marque sous ce nom.
Alors, pour les grandes firmes souhaitant s’implanter à l’étranger et profiter du marché chinois florissant, ce système du premier déposant s’est révélé très handicapant. Mais avec le verdict positif rendu pour Manolo Blahnik, le pas semble avoir été engagé pour les futures autres firmes connaissant à l’avenir ce même litige, vers une légifération juste et légitime de l’utilisation des noms de marques internationales et reconnues.
Georgina McManus, la directrice générale du service juridique de Manolo Blahnik, finit par souligner qu’ « il s’agit d’une décision historique qui démontre que la Cour suprême populaire de Chine s’attache à appliquer une justice fondamentale » .
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Photo à la Une : © Manolo Blahnik