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Après Saint Laurent, Gucci, ou encore Giorgio Armani, c’est au tour de l’emblématique maison Michael Kors d’abandonner le calendrier traditionnel des défilés. En annonçant présenter uniquement deux collections par an contre quatre auparavant et renoncer au rituel de la saisonnalité, le géant américain de la mode veut s’éloigner du rythme effréné des défilés et réformer une industrie devenue démodée pour dessiner les contours d’un nouveau monde.
La crise du coronavirus a mis en lumière la volonté des créateurs de réformer en profondeur l’impitoyable industrie de la mode.
Trop rapide, trop excessive, trop exigeante, elle mettait depuis des années en péril la créativité des plus grands designers en leur imposant des deadlines toujours plus courtes et un niveau de performance toujours plus élevé.
Pour Michael Kors comme pour de nombreuses maisons de luxe, l’enjeu est donc de ralentir la cadence face au rythme effréné imposé par le calendrier actuel de la mode – qui est de quatre Fashion Weeks annuelles pour les marques qui présentent des collections féminines et masculines voire de six pour celles qui sont inscrites au calendrier de la haute couture – ainsi que de définir de nouveaux modèles pour l’avenir.
Un rythme moins frénétique
La marque de mode américaine ne proposera désormais “que” deux collections de mode par an – une pour le printemps/été et l’autre pour l’automne/hiver, laissant derrière elle le modèle de quatre collections par an mais aussi les défilés croisière, collections pre-fall et autres extravagances. Une approche approuvée par de nombreux créateurs, comme Alessandro Michele, directeur de la création de la maison Gucci, qui vise le même rythme pour la maison italienne.
Objectif : ralentir une cadence tyrannique et éviter les investissements colossaux pour des shows qui ne durent que dix minutes : “Je pense depuis longtemps que le calendrier de la mode doit changer. C’est passionnant de voir le dialogue ouvert au sein de la communauté de la mode sur le calendrier – de Giorgio Armani à Dries Van Noten en passant par Gucci à YSL aux grands détaillants du monde entier – sur les façons dont nous pouvons ralentir le processus et améliorer la manière nous travaillons. Nous avons tous eu le temps de réfléchir et d’analyser les choses, et je pense que beaucoup conviennent qu’il est temps pour une nouvelle approche pour une nouvelle ère.” a déclaré solennellement l’entreprise dans un communiqué.
Michael Kors a également pris la décision d’abandonner le rituel de la saisonnalité et de ne pas présenter sa prochaine collection printemps/été 2021 lors de la Fashion Week de New York en septembre mais dans le courant de l’automne – entre mi-octobre et mi-novembre – pour se rapprocher de sa date de commercialisation car “montrer la collection au plus près du moment où elle sera livrée est beaucoup plus logique” selon l’entreprise.
La marque de luxe souhaite ainsi s’éloigner du décalage traditionnel de six mois pour éviter la surproduction et les stocks d’invendus. L’entreprise a d’ailleurs déclaré qu’elle allait dorénavant livrer progressivement les vêtements dans les magasins au lieu de déposer des collections entières en une seule fois et vendre ses collections aux détaillants avant sa présentation publique pour donner à sa chaîne d’approvisionnement plus de temps pour la production : “Il est impératif que nous donnions au consommateur le temps d’absorber les livraisons de l’automne, qui n’arriveront qu’en septembre, et que nous ne les confondions pas avec une surabondance d’idées supplémentaires, de nouvelles saisons, de produits et d’images” a déclaré la maison.
Une mode plus rationnelle
Le système de mode actuel – où les marques développent des collections plusieurs mois avant leur présentation et leur vente – a été considéré comme l’un des nombreux défauts majeurs qui ont contribué aux pertes financières de Covid-19. Le système oblige en effet les marques à proposer des collections qui ne correspondent pas aux saisons, avec des vêtements chauds surgissant en plein milieu de l’été et des robes de printemps apparaissant au cœur de l’hiver.
C’est donc contre un calendrier chaotique et détaché des réalités du consommateur que Michael Kors se soulève, afin de défendre un rythme plus rationnel et saisonnier : “Je pense qu’il est également important de revenir à l’idée que septembre et mars sont des mois clés pour lancer le début de la vente saisonnière pour le consommateur. C’est à ce moment que les contenus éditoriaux et médiatiques clés entrent en jeu, que le temps commence à changer et que les gens sont prêts à absorber de nouvelles collections et de nouveaux produits – qu’ils peuvent porter et acheter immédiatement. En gardant tout cela à l’esprit, nous réévaluerons également le moment où la collection d’automne sera présentée à la presse et au public – très probablement entre la mi-mars et la mi-avril” a expliqué l’entreprise.
La marque de mode de luxe souhaite donc rendre l’industrie de la mode plus humaine, plus raisonnable, plus alignée avec les besoins des clients, plus conforme aux besoins de la société et attentive aux évolutions en cours. Elle tend par là même occasion vers une fabrication plus respectueuse de l’environnement, comme une alternative à la fast fashion qui s’impose aussi comme une nouvelle norme face à l’urgence sanitaire et climatique actuelle.
Bouleverser le calendrier des défilés certes donc, mais surtout réévaluer la façon dont elle conçoit, livre, vend et actualise ses collections pour repenser et réinventer la mode dans un contexte de prise de conscience renouvelée.
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Photo à la Une : © Michael Kors[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]