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Entretien : Andrea Ferraresi (Ducati) nous parle du nouveau Diavel V4

La prestigieuse marque de moto Ducati a lancé en février 2023 son dernier modèle, le Diavel V4. Style, vitesse et originalité, le nouveau modèle possède tous les atouts d’une moto moderne de haut vol. Pour l’occasion, Luxus+ a pu s’entretenir avec le directeur du design de la marque italienne, Andrea Ferraresi.

 

Andrea Ferraresi, vous êtes le directeur du design de Ducati. Comment décririez-vous le design du Diavel V4 ?

 

Tout d’abord, c’est à la fois une Ducati et une Diavel, et cela, c’est complètement nouveau. Il est important de rappeler que c’est une Ducati, car chaque modèle a un ADN spécifique. Nous avons nos règles d’or. Chaque Ducati doit être vraie, authentique, avec un design propre. Elle doit être sensuelle, sexy, et sportive. Mais par-dessus tout, elle doit être reconnaissable. Même de loin ou peinte en vert, on doit reconnaître que c’est une Ducati.

 

 

Mais ce modèle est aussi la troisième génération de Diavel. Une Diavel est un mélange de trois motos différentes : une moto sportive, un roadster et un cruiser. Il possède les caractéristiques typiques de la roue avant d’une moto de sport. Il a aussi la silhouette d’un roadster, sans carénage, et dispose de cette fine partie arrière fixée au réservoir. Comme le cruiser, il adopte la position de conduite du pilote avec les pieds plus en avant. La position de la roue arrière est un peu plus prononcée, et le réservoir a cette forme de goutte typique des cruisers. Le Diavel reprend ainsi une caractéristique du design de chacune de ces trois catégories de motos.

 

 

Comment ce nouveau modèle a-t-il évolué par rapport au précédent ?

 

Lorsque nous l’avons conçu, nous avons décidé de conserver l’identité du Diavel tout en essayant de le renouveler. Lorsque la première génération de Diavel est arrivée sur le marché, ce fut une énorme surprise car ce mélange de trois motos différentes n’avait jamais été fait ou vu. Cette fois-ci, nous avons voulu garder le même concept mais en changeant toutes les parties de la moto. L’objectif était de surprendre encore à tous points de vue. Ce sont surtout les détails de la moto qui sont étonnants, que ce soit l’échappement, le phare… La boite à air suggère que le moteur est puissant et qu’il a besoin d’air pour respirer. Personnellement, j’aime particulièrement le feu arrière. Invisible sous la selle, il n’existe pas quand la moto est éteinte. Mais quand on l’allume, c’est magique. Une sorte de matrice LED s’éclaire et il apparaît soudain en forme de C, une signature de Ducati.

 

 

Pouvez-vous expliquer comment ce moteur V4 répond à la demande du pilote et du client ?

 

Le moteur utilisé pour le Diavel est le V4 Granturismo, ce n’est donc pas exactement le même que sur la Ducati Panigale ou la Ducati Multistrada. Il est très agréable à bas comme à haut régime, avec beaucoup de puissance. Nous avons pensé que c’était le bon moteur pour ce type de moto et de clients : des gens qui prennent du plaisir en roulant lentement mais aussi rapidement. Si vous voulez vous amuser, il vous suffit d’ouvrir les gaz pour aller très vite dans les virages. En plus, la moto et ce moteur s’adaptent parfaitement à tout type de route.

 

Quels éléments clés ont été pris en compte pour assurer la sécurité du pilote ?

 

Ducati est très actif dans le domaine de la sécurité du pilote depuis de nombreuses années. Nous avons été les premiers sur le marché à avoir l’ABS (système Anti-Blocage des Roues) sur toute la gamme de nos modèles, même si ce n’était pas obligatoire. Ducati prend soin de la sécurité du pilote avec les contrôles électroniques, comme le contrôle de la traction, le contrôle des roues, le contrôle de la glisse…Nous avons développé ce type de commandes dans le département Racing pour aller plus vite sur la piste et les avons adaptées pour que le pilote soit en sécurité. Je pense que Ducati est vraiment au sommet de la technologie dans ce domaine.

 

 

Comment intégrez-vous le confort du pilote ?

 

Grâce à l’expérience que Ducati a développée sur les motos de course, nous avons utilisé les études aérodynamiques en soufflerie et les simulations sur ordinateur pour augmenter le confort du pilote et du passager. Nous avons appliqué l’aérodynamique non seulement sur la Panigale, qui est une moto de course, mais aussi sur le Diavel et la Multistrada. Nous avons ensuite vérifié ce qu’il advenait des flux d’air chaud qui sortaient du radiateur et nous avons évité qu’ils n’aillent sur le pilote. Une autre solution consiste à récupérer l’air frais de l’avant de la moto avec des tubes et de le souffler pour refroidir le pilote, ses jambes… On a aussi utilisé des études de flux d’air sur le casque pour éviter de générer trop de bruit et de secousses pour le pilote et le passager.

 

 

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour créer le design du Diavel V4 ?
 

Fondamentalement, on a basé ce Diavel sur le précédent parce que nous sommes convaincus que Diavel est déjà une signature de la marque. Le moteur V4 est si fort qu’il aurait été dommage de trop le modifier. Nous avons décidé de changer des détails et certaines pièces pour revenir aux formes choquantes de la première génération de la moto. C’est pourquoi nous avons décidé de continuer avec ce pot échappement spécial à quatre sorties et, par exemple, de revenir aux repose-pieds passagers repliables que nous avions perdus dans la deuxième génération. L’objectif était de surprendre à nouveau le client. Lorsque les gens iront chez le concessionnaire et regarderont la moto, nous voulons qu’ils la découvrent pièce par pièce. C’est une sorte de jeu lorsque vous tournez autour et que vous découvrez à chaque fois quelque chose de différent, d’inattendu.

 

 

Comment avez-vous travaillé avec les ingénieurs pour concevoir ce nouveau modèle ?

 

Nous avons travaillé avec les ingénieurs du département R&D (recherche et développement) depuis le début de la conception du modèle. Il est essentiel de travailler avec eux car ils nous aident à déterminer les proportions de la moto, afin d’obtenir un bon résultat final de conception. Si les proportions ne sont pas les bonnes, il n’y a aucun moyen de réaliser une belle moto. Un bon design est fait de bonnes proportions, de belles formes et de merveilleux détails. Comme pour une maison, si les proportions ne sont pas bonnes, il n’y a aucun moyen d’obtenir un bon résultat. On obtient les proportions après la conception de l’ensemble mécanique, c’est-à-dire la base des roues et de la selle, la position du moteur à l’intérieur de la moto, etc. Ensuite, les ingénieurs décident du placement des pièces de la moto et enfin, nous intervenons. Voilà pourquoi nous travaillons en étroite collaboration dans cette phase initiale.

 

Cette forte connexion avec les ingénieurs a-t-elle permis de conserver l’identité du Diavel ?

 

Oui. À vrai dire, nous avons une très bonne relation avec les ingénieurs, ce n’est pas un problème.  Parfois il y a des frictions entre les designers et les ingénieurs, mais chez Ducati, nous sommes tous des motards super passionnés. Il arrive assez souvent que les designers donnent de très bonnes suggestions aux ingénieurs et vice versa. Ils nous forcent à nous améliorer et à faire de meilleurs modèles. C’est très important de travailler d’une manière fluide et efficace pour avoir un bon point de départ.

 

 

Le design du Diavel V4 reflète-t-il les tendances actuelles en matière de conception de motos ou s’en éloigne-t-il ?

 

Je pense que c’est les deux. Il reflète le statut actuel de l’industrie de la moto en raison de la technologie, des contrôles, du système de sécurité et du comportement de ce deux roues. Mais quand on regarde la moto, on se rend compte qu’elle est différente. C’est la troisième génération de la Diavel, c’est donc quelque chose d’inattendu. Quand vous la voyez pour la première fois, vous vous rendez compte que c’est un animal étrange et vous reconnaissez que c’est un mélange de différentes motos.

 

 

Après la Diavel V4, quel sera le projet suivant ?

 

Bien sûr, comme toute entreprise, nous continuons de renouveler notre gamme de modèles. Nous allons travailler à l’avenir sur la nouvelle génération de la Panigale et de la Multistrada. En fait, nous travaillons sur le renouvellement de la gamme de modèles existants, mais aussi sur quelque chose de complètement nouveau. Bien sûr, je ne peux pas dire quoi, mais nous aurons des nouvelles dans un futur proche. Nous continuons à investir dans de nouveaux produits. Nous voulons nous concentrer sur l’amélioration continue des produits et offrir une gamme plus large de motos à nos clients. Nous sommes satisfaits de celle qui existe actuellement, mais nous pensons qu’il y a de la place pour conquérir d’autres clients avec des modèles que nous n’avons pas encore.

 

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Photo à la Une : ©Ducati

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