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Guerre Ukraine-Russie : Les diamants de synthèse, nouveau filon des joailliers et horlogers ?

À l’heure où la guerre russo-ukrainienne se poursuit toujours depuis maintenant quatre mois, un nouveau tournant semble s’opérer autour de la question des diamants synthétiques. Alors que LVMH vient d’investir dans une société fabricante de diamants de synthèse, la question se pose sur l’avenir de la Russie en tant que fournisseur de ces joyaux, et également ceux naturels.

 

Similaire voire identique d’un point de vue gemmologique à son pendant naturel, le diamant synthétique peine tout de même à séduire les maisons de luxe joaillières et horlogères. Malgré une empreinte écologique a priori moindre, le diamant fabriqué en laboratoire commence tout juste à se créer une renommée.

 

En effet, LVMH a longtemps soutenu que seuls les diamants naturels étaient du domaine du luxe. Mais aujourd’hui, une nouvelle ère des diamants de synthèse semble se dessiner. La branche dédiée aux investissements du groupe, LVMH Luxury Ventures, accompagnée d’autres sociétés vient de clôturer un investissement de 90 millions de dollars dans la société israélienne LUSIX, pionnière dans le secteur des diamants produits en laboratoire.

 

Faisant actuellement face à une demande croissante de LGDs (Lab-Grown Diamond, ou diamant de synthèse), cet investissement permettra à cette société d’alimenter ses initiatives de croissance et sa capacité de production. Elle prévoit notamment la construction d’une deuxième installation de pointe qui fonctionnera exclusivement à l’énergie solaire.

 

La place croissante des diamants de synthèse dans le paysage joaillier

 

« Nous sommes ravis et fiers d’accueillir des investisseurs aussi prestigieux, notamment LVMH Luxury Ventures, qui apportent leur soutien financier et leurs précieuses connaissances du secteur. Leur aide contribuera grandement au succès de notre entreprise alors que les implications de cet investissement, à la fois pour LUSIX et pour le segment des diamants synthétiques, sont profondes – et tellement excitantes ! » a souligné Benny Landa, le fondateur et président de LUSIX.

 

Cependant, malgré ce récent engouement autour de ces nouveaux joyaux, la question de la concurrence des LGDs face aux diamants naturels ne semble pas être entièrement résolue. Frédéric Arnault, fils de Bernard Arnault et responsable de la marque TAG Heuer, a souhaité préciser qu’ « il ne s’agit pas de remplacer les diamants traditionnels par des diamants cultivés en laboratoire. […] Nous utilisons ce qui est différent et inhérent à cette technologie, ce qui nous permet de nouvelles formes et textures » .

 

Mais cette vision ne se répercute pas partout dans le secteur du luxe. Courbet, maison française de joaillerie, quant à elle, possède un discours quelque peu différent de celui d’Arnault. « Il y a une nouvelle histoire à raconter avec un diamant durable » souligne-t-elle.

 

Le groupe LVMH possède tout de même de l’espoir dans cette innovation, les diamants de synthèse étant plus écologiques et renouvelables. L’industrie du diamant de laboratoire est estimée aujourd’hui à un peu moins de 6 milliards de dollars, chiffre qui devrait doubler de taille d’ici 2025.

 

Conflit Ukraine-Russie : L’approvisionnement russe en diamants remis en question

 

Néanmoins, point non négligeable de ce sujet, la Russie possède un rôle plutôt important dans la fabrication et l’exportation de diamants naturels et synthétiques.

 

Alrosa, société d’extraction diamantifère propriété de l’État russe, a réussi à faire de la Russie le plus grand producteur mondial de diamants naturels et pesant 10% dans les exportations de diamants fabriqués en laboratoire. Il est donc désormais nécessaire pour beaucoup de Maisons de trouver un autre pays où se fournir en diamants, pays proposant une alternative plus éthique aux diamants russes.

 

En raison des exactions commises par la Russie en Ukraine et de leur invasion dans ce même pays, nombreuses sont les maisons joaillières ou horlogères comme Courbet ou Pandora qui ne misent plus sur les diamants naturels pour se fournir mais bien sur les diamants synthétiques.

 

Courbet a notamment précisé que : « Nous avons aussi l’habitude de travailler avec des laboratoires américains, israéliens et français » . Le positionnement de LVMH dans les diamants fabriqués en laboratoire se révèle donc stratégiquement logique et précurseur de la future place prépondérante des diamants de synthèse dans le paysage joaillier et horloger mondial.

 

Même si aucune étude officielle n’atteste réellement de l’impact écologique moindre des diamants fabriqués en laboratoire, il est aujourd’hui préférable pour les Maisons de luxe de cesser de défigurer les paysages et d’encourager l’exploitation minière de diamants afin de favoriser une industrie plus durable.

 

Lire aussi > QUEL IMPACT DE LA GUERRE UKRAINE-RUSSIE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN OR DES JOAILLIERS ET HORLOGERS ?

 

Photo à la Une : © LUSIX

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