La famille Arnault, actionnaire de contrôle du groupe numéro un mondial du luxe LVMH, a annoncé hier lundi, réaliser un geste solidaire de 10 millions d’euros pour aider l’association Les Restaurants du cœur à faire face à l’accroissement du nombre de bénéficiaires et boucler sereinement son exercice financier.
Si rien n’est fait pour renflouer la trésorerie de l’association des Restaurants du cœur, contribuant à hauteur de 35% de l’aide alimentaire en France, l’association pourrait mettre la clef sous la porte dans les 3 ans.
S’émouvant – à l’instar du gouvernement – de la situation préoccupante de cet acteur clé de la lutte contre la pauvreté, la famille Arnault, actionnaire de contrôle du groupe LVMH, annonce faire un don de 10 millions d’euros.
Une contribution bienvenue pour un organisme qui a besoin de 35 millions d’euros pour terminer son exercice à l’équilibre et exercer son activité normalement jusqu’à l’hiver prochain.
Les restos en situation critique
Les Restaurants du cœur, l’association – loi 1901- fondée en 1985 par l’humoriste et comédien Coluche pour livrer des repas et offrir des moments de socialisation aux personnes les plus fragiles, très présente dans le tissu social hexagonal et le cœur des français, voit son existence menacée.
Dimanche 3 septembre, sur le plateau de TF1, le président des Restos, Patrick Douret a lancé un cri d’alarme sur la situation préoccupante de l’association, confrontée à un trou d’air de 35 millions d’euros pour finaliser son budget annuel.
En cause : une série de facteurs conjoncturels, en particulier l’inflation du coût de la vie en France qui engendrerait une “hausse très importante” du nombre de bénéficiaires de l’association ainsi qu’une diminution des dons.
L’association fait aussi état de “l’augmentation de ses coûts de fonctionnement”.
Fort heureusement, “l’appel aux forces politiques et économiques de notre pays” pour le “lancement d’un plan d’urgence alimentaire” a été entendu.
Non seulement le gouvernement s’est mobilisé – s’engageant à une aide supplémentaire de 15 millions d’euros – mais également, donc, via son don de 10 millions d’euros. la famille Arnault, actionnaire de contrôle du groupe LVMH. Soit un acteur majeur de l’économie française ainsi que de la redynamisation des territoires à travers l’ouverture de sites de production.
Il s’agit donc d’un sursis pour l’association dont les chiffres plaident pour son rôle indispensable. Les restaurants du cœur ont ainsi distribué près de 170 millions de repas en 2022, soit 30 millions de plus que l’année précédente.
Un soutien aux personnes fragiles
Dans son communiqué, la famille Arnault a expliqué ce don solidaire par le souhait de “contribuer activement à aider une magnifique association d’intérêt général qui œuvre pour les plus fragiles, sans discontinuer depuis près de 40 ans.
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Dans le sillage de ce soutien, d’une ampleur inédite, Antoine Arnault, se rendra ce mardi 5 septembre dans les locaux des Restos du Cœur pour concrétiser ce geste solidaire, en présence d’Aurore Bergé, Ministre des Solidarités et des Familles.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité des activités de mécénat comme de responsabilité sociétale des marques et groupes de luxe, comme en témoignent les récents dons à destination des victimes des pluies diluviennes en Italie et des incendies qui ont ravagé l’île de Maui à Tahiti.
Un geste solidaire d’autant plus nécessaire, que la pauvreté ne cesse de grimper en France.
Une paupérisation grandissante des français
En filigrane, l’autre difficulté à laquelle sont confrontés l’ensemble des acteurs économiques, y compris dans le luxe, est l’accroissement des arbitrages contraints face à la hausse simultanée des prix de l’énergie, des produits de grande consommation et des transports.
Cette situation impacte non seulement la confiance des consommateurs et leur volonté d’acheter. Mais elle accroît également le déclassement des membres de la classe moyenne – vivier de la clientèle aspirationnelle – jusqu’ici locomotive des achats de produits de luxe (parfums, sneakers, sacs et autres bougies parfumées…)
Cette contraction du climat économique et social n’est pas sans entraîner “un glissement” dans la pauvreté qui affecterait 9 millions de personnes en France, selon l’INSEE.
L’inflation (4,8 % sur les prix de la consommation en août 2023, plus de 20% dans l’alimentaire) fait office de catalyseur, enracinant les personnes déjà en situation de précarité, en particulier les femmes célibataires avec enfants, les étudiants et les étrangers, comme le précise Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) au magazine Capital.
Par ailleurs, d’autres personnes sur le fil basculent, tout particulièrement les travailleurs pauvres, les actifs, salariés ou indépendants, auto-entrepreneurs rattrapés par les coûts du logement.
Cette pauvreté s’évalue d’un point de vue monétaire à 60% du revenu médian, soit 1 125 euros mensuels pour une personne, d’après les chiffres 2020 de l’INSEE.
Ainsi 14,6% de la population française vivrait en dessous de ce seuil de pauvreté.
Une autre méthode moins commune permet à l’INSEE d’évaluer ce phénomène de précarisation : les “privations” sociales et matérielles, à savoir ne pas pouvoir posséder deux paires de chaussures ou partir une semaine en vacances par an.
14% de la population française serait confrontée à cette situation, soit le plus haut niveau depuis la création de l’indicateur en 2013.
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Photo à la Une : © Les Restaurants du Coeur
