Emmanuel Sauvage est un homme d’affaires aux multiples casquettes. Directeur général du groupe Evok Collection, qu’il a co-créé en 2014, il a été nommé récemment à la tête de la Commission technique Prestige Tourisme et Promotion du GHR (Groupement des Hôtellerie et Restauration de France).
Il est également vice-président de l’Office de tourisme de Paris. Il se confie à Luxus Plus sur ses missions et le futur de l’hôtellerie de luxe.
Claire Domergue : Pouvez-nous parler de votre rôle à la tête de la commission technique Prestige Tourisme et Promotion du GHR (Groupement des Hôtellerie et Restauration de France)?
Emmanuel Sauvage : C’est nouveau pour moi aussi, je découvre un peu ! Le GHR est une nouvelle organisation qui regroupe le GNI (Groupement National des Indépendants Hôtellerie & Restauration), le SNRTC (Syndicat National de la Restauration Thématique et Commerciale) et le SNRPO (Syndicat National de la Restauration Publique Organisée). Ces deux dernières organisations professionnelles sont principalement actives dans la restauration. GNI Paris va d’ailleurs bientôt se transformer en GHR Paris Île-de-France, lors d’une prochaine assemblée générale. Cela va marquer une transition vers plus de coordination des organisations professionnelles.
Pour ma part, j’ambitionne de fédérer des acteurs du tourisme qui sont au GHR, mais également en dehors, dans le luxe ou la distribution. J’ai dans l’idée d’intégrer des personnes hors hôtellerie et restauration pour s’ouvrir et voir comment nous percevons le luxe de demain. Il faut quand même reconnaître que l’industrie fashion booste le tourisme en France. La commission technique prestige a pour but de se réunir régulièrement, d’avoir des réflexions sur ce qu’est le tourisme de demain. Il s’agit par exemple d’intégrer la responsabilité et l’environnement dans le tourisme sans que la destination France ne soit impactée ou encore promouvoir un tourisme différent. Nous allons aussi être en relation avec le ministère du tourisme pour pouvoir discuter des politiques de ce secteur en France. J’aimerais aussi avoir des personnes des territoires, pour que l’équipe soit assez éclectique et qu’il y ait différents profils.
Quels sont vos grands projets pour cette Commission ?
Emmanuel Sauvage : L’idée est de promouvoir le tourisme et de travailler au tourisme d’aujourd’hui et de demain en fédérant tous les professionnels, y compris les acteurs du luxe et de la gastronomie, pour aller dans la même direction. Pour moi, ce qui est important c’est de vivre avec l’avenir et donc de ne pas se reposer sur ses lauriers. L’autre point crucial, c’est d’avoir des discussions les uns avec les autres qui nous ouvrent l’esprit.
Qu’est-ce qui fait la force du marché de l’hôtellerie en France ?
Emmanuel Sauvage : Le marché de l’hôtellerie est très diversifié, que ce soit à Paris ou à travers la France : des grandes chaînes mais aussi des profils indépendants ou d’investisseurs qui ont notamment permis à l’hôtellerie de se transformer. Grâce à eux, nous avons désormais plus de variété et plus d’investissements dans l’hôtellerie indépendante. Il y a aussi de nombreux petits groupes en France qui achètent un premier établissement, puis un autre et ainsi de suite. Ils ont contribué à relever le niveau de l’hôtellerie ces dernières années. Il y a aussi de nouveaux acteurs, qui ne faisaient pas partie de cette branche, et ont décidé de diversifier leur patrimoine. Et cela a complètement changé la donne, que ce soit à Paris ou en Province. Je pense que tous ces nouveaux acteurs s’investissent beaucoup. Et il ne s’agit pas de moyens financiers. Il s’agit d’aller jusqu’au bout, d’avoir le sens du détail, des idées et donner de la vie à leurs établissements. Pour moi, c’est vraiment quelque chose de plaisant, car l’émotion est importante dans l’hôtellerie. Notre mission, c’est juste de donner du bonheur.
Qu’est-ce qui fait le succès et la particularité du groupe Evok ?
Emmanuel Sauvage : Evok Collection regroupe différentes marques. Pour moi, c’est très important de s’adapter à chacun de nos clients. Nous nous attachons à répondre aux attentes, aux goûts et aux désirs de notre clientèle, qui est plutôt très haut de gamme avec ses attentes spécifiques. Et grâce à ses différentes marques, Evok répond à l’ensemble des typologies de clients d’hôtels de luxe : classiques, moins classiques, discrets, expansifs. Nous avons une cible particulière pour chacune de nos adresses. En fonction de son jour et de son humeur, le client modifie en effet ses caractéristiques, il n’est jamais dans un moule. En fonction du moment, il peut ainsi passer d’une catégorie à l’autre. Et c’est la même chose pour la mode. Nous ne sommes plus dans un carcan ou dans une attitude figée. Aujourd’hui, le groupe Evok propose ainsi une vraie diversité de lieux et d’hôtels, en permettant de passer de l’un à l’autre avec beaucoup de facilité. En revanche, il faut aussi avoir une ligne directrice forte au sein de chaque hôtel avec une identité très forte.
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D’où viennent vos clients ?
Emmanuel Sauvage : 25 % de nos clients viennent des États-Unis, 25 % de la France, 25 % en Europe et le reste du Moyen-Orient. Toutefois, nos clients hôtels et nos clients restaurants ont des profils différents, les premiers étant plus classiques. Chaque établissement a sa typologie de clientèle, avec un mix de nationalités qui est très important. Nous travaillons très régulièrement sur l’origine de ce flux, de façon à ne pas dépendre d’un marché ou d’un autre.
Comment percevez-vous l’arrivée des JO 2024 à Paris ?
Emmanuel Sauvage : Je suis ravi que la ville de Paris ait remporté les JO 2024. La commission du tourisme s’y prépare, même si c’est toujours très abstrait. Ce que je souhaiterais, c’est que Paris soit une fête, que Paris soit mise en lumière positivement. J’ai quand même des inquiétudes car cela dépend de beaucoup de facteurs, avec même un léger problème de gouvernance. C’est aussi encore très flou en termes de communication. Je suis un peu partagé. Il y a à la fois de l’inquiétude, et de la joie, car il n’y a quand même rien de plus beau que de voir les JO dans le centre de Paris. En termes de remplissage, je ne sais pas encore quoi dire. Il y a une mixité : on va perdre des clients, d’autres vont revenir. Il est pour le moment difficile de le savoir à l’avance. Cela va se jouer sur le long terme. Mais je trouve tout de même que c’est une occasion formidable de mettre en avant notre beau patrimoine. Nous devons tous être positifs et aller de l’avant pour que ces jeux soient une grande réussite pour tous !
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